« S'engager dans la voie cyclable : émergence et développement du vélo du quotidien dans les territoires ruraux »
| Auteur / Autrice : | Alice Peycheraud |
| Direction : | Claire Delfosse, Stéphanie Vincent |
| Type : | Projet de thèse |
| Discipline(s) : | Géographie Aménagement Urbanisme |
| Date : | Inscription en doctorat le 20/11/2020 |
| Etablissement(s) : | Lyon 2 |
| Ecole(s) doctorale(s) : | ScSo - Sciences Sociales |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LER - Laboratoire d'Etudes Rurales |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse cherche à étudier les dynamiques actuelles qui se déploient autour du développement du vélo du quotidien dans les territoires ruraux. Au carrefour des questions de transition tant mobilitaire que territoriale et des modes d'habiter dans les espaces peu denses, l'objectif est d'appréhender la manière dont les mobilités cyclistes peuvent s'imposer comme des alternatives à la voiture. De fait, si l'essor y est moins marqué que dans les villes où l'on assiste à un retour du vélo, ce travail souhaite saisir les mouvements collectifs et individuels encore hésitants d'émergence et de structuration de ce mode de déplacement -mais aussi, en creux, l'inertie liée à la prégnance de la norme automobile- dans le rural. La notion d'engagement constitue le fil directeur de cette entreprise de recherche. En effet, en s'inspirant de l'approche pragmatique de Laurent Thévenot et ses régimes d'engagement, il s'agit d'envisager les actions participant au développement du vélo comme la résultante d'ajustements dynamiques entre ce que permet l'environnement rural (social, matériel, institutionnel ) et les différents registres selon lesquels le vélo est institué comme une mobilité souhaitable (une « bonne mobilité » pour reprendre le concept de « bien » de Thévenot). Cela permet donc d'envisager l'émergence et surtout la pérennisation de cette mobilité comme l'équilibre en permanence renégocié entre les efforts consentis et la garantie orientée vers un bien (une mobilité écologique, économique, plaisante ). Si l'engagement est souvent appréhendé à l'échelle individuelle (l'engagement du militant, l'engagement physique ), cette thèse aborde la manière dont peuvent s'articuler les actions individuelles et collectives, dont les engagements singuliers peuvent s'accorder pour créer une dynamique commune. De fait ce travail s'appuie sur une triple entrée : par les collectivités et les politiques publiques ; par les associations et les collectifs ; et par les cyclistes eux-mêmes. Pour appréhender plus finement l'articulation de ce triptyque, trois ensembles territoriaux ont servi d'assise spatiale à ce travail : l'Ardèche Méridionale, la frange orientale du Puy-de-Dôme et une partie de la Saône-et-Loire. Sur ces trois terrains a été décliné un panel de méthodes qualitatives notamment des entretiens semi-directifs et des observations. Après un premier temps visant à circonscrire les manières tant théoriques que méthodologiques de saisir le vélo rural, il s'agira dans un second temps de comprendre le travail qui conduit la bicyclette à devenir à la fois un objet politique légitime pour les collectivités et un choix modal attractif pour les ruraux. Cela conduit à interroger les conditions de possibilité offertes par les territoires ruraux : possibilité de mener des actions dans des collectivités en manque de moyens humains et financiers ; possibilité de rouler pour les cyclistes pris dans un environnement modelé par la voiture. Mais cela conduit aussi à envisager la manière dont le vélo peut devenir une mobilité souhaitable, à travers les lents mouvements de changements de référentiels des politiques publiques et les jeux de pouvoirs et de conviction internes aux collectivités ; et également, pour les individus, à travers leur carrière cycliste informant leurs motivations actuelles. Enfin, ce seront les coordinations entre acteurs qui seront au cur de la troisième partie : les manières dont une transition vers le vélo s'inscrit dans un territoire à travers l'instauration d'un écosystème relationnel. Une première traduction des ces coordinations affleure à travers le rôle d'intermédiation des collectifs et associations, entre usagers et collectivités, entre ancrage local et inscription dans des réseaux plus vastes. Plus globalement, les différents temps du développement du vélo, de la planification à la pérennisation des actions, suppose de penser les interfaces entre les différents mondes du vélo (usagers, associations et collectivités).