Thèse en cours

L'intégration des immigrés mexicains en France 2001-2020

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Auteur / Autrice : Rosa Lechuga morales
Direction : Didier ChabanetJavier Pérez-SillerManlio Cinalli
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Science politique
Date : Inscription en doctorat le 20/01/2020
Etablissement(s) : Lyon 2 en cotutelle avec Benemérita Universidad Autónoma de Puebla
Ecole(s) doctorale(s) : ScSo - Sciences Sociales
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : TRIANGLE - Action, discours, pensée politique et économique

Résumé

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L'un des principaux corridors migratoires au niveau mondial est composé par le Mexique et les Etats Unis. C'est aussi la frontière la plus fréquentée du monde avec environ 300,000 personnes qui traversent chaque jour. Il est de plus en plus difficile de franchir la frontière autant pour les mexicains que pour les autres migrants d'Amérique Latine après l'arrivée à la Présidence des Etats-Unis de Donald Trump. Pour le Mexique, qui expérimente de manière simultanée quatre types de migration - émigration, migration de transit, immigration et migration de retour - les flux migratoires se sont modifiés et se tournent davantage vers l'Europe depuis quelques années, conçus en quelque sorte comme une alternative à l'exil américain. Notre projet de recherche vise précisément à analyser les conditions d'intégration des immigrés mexicains qui arrivent en Europe et en particulier en France. A la fin des années 1990, la diaspora mexicaine représentait ainsi près de 4 millions de personnes et près de 13 millions en 2017, soit près de 10.7% du total de la population du pays . Si l'on regarde de près la situation en France, on s'aperçoit que le nombre de mexicains présents a doublé de 1990 à 2017. Dans ce qui suit, notre analyse se concentrera sur la période allant du mois d'octobre 2001 à octobre 2020. Nous sommes en effet intéressés par les changements des politiques migratoires consécutifs à l'attentat terroriste du 11-septembre 2001 qui a bouleversé la scène politique internationale, spécialement pour les mexicains, jusqu'à la crise sanitaire de la COVID-19 qui a obligé à millions de personnes à retourner à son pays d'origine parmi les mexicains en changeant les frontières au niveau mondial. Compte tenu de ce contexte, nous établirons comment à partir des années 2000 la communauté mexicaine commence à s'organiser dans le pays sans perdre le lien avec le Mexique. Pour analyser ce processus d'intégration des mexicains, j'envisage faire 150 entretiens (75 femmes et 75 hommes) et étudier six dimensions principales : 1. La première porte sur les conditions institutionnelles (au niveau macro) qui permettent l'arrivée des immigrés mexicains dans la société d'accueil. 2. La deuxième porte sur les « politiques d'intégration », qui toujours selon Costa Lascoux sont faites « pour faciliter l'insertion des résidents étrangers ». Un point à souligner, ici, est l'importance de la migration féminine. Dans ce projet, nous désirons insister sur le rôle des mexicaines dans les processus d'intégration à l'œuvre dans la société française. (Au niveau macro) 3. La troisième est consacrée à l'ouverture ou à la fermeture du système politique institutionnalisé français. Il s'agit d'identifier les droits et les obligations que l'on reconnait aux citoyens mexicains. (Au niveau meso) 4. La quatrième a trait à la citoyenneté. Elle peut être subdivisée en deux sous-dimensions : civique et politique. La sous-dimension civique prendra en compte l'adhésion des citoyens pour officialiser leurs droits en France. La sous-dimension politique s'intéressera plutôt au rôle des institutions françaises en lien avec les autorités mexicaines et avec les migrants mexicains, pour établir les normes qui définissent le processus de citoyenneté. (Au niveau meso) 5. La cinquième s'attache à l'échelle individuelle. Dans ses travaux, D. Lapeyronnie montre que les valeurs comme la dignité, la tolérance et le respect, favorisent à la fois l'individualisation des comportements des immigrés et leur intégration dans la société globale. Nous chercherons donc à identifier ces valeurs. (Au niveau micro) 6. La sixième vise à étudier le capital social des immigrés mexicains en France, qui se manifeste (ou pas) à travers de sa participation dans des activités culturelles ou sociales au sein des organisations transnationales crées par eux (Alejandro Portes, 1998) et la façon dont il facilite (ou pas) l'intégration. Hypothèse Notre hypothèse principale est que l'intégration de la femme mexicaine en France - qui n'a pour l'instant jamais été étudiée en tant que telle – est différente de celle des hommes. Si cette affirmation est fondée, alors nous devrions en observer les caractéristiques au travers du mariage, du regroupement familial, du travail, mais aussi des études qu'elles sont de plus en plus nombreuses à mener en France, alors que pour les hommes mexicains l'intégration se fait presque exclusivement par le travail. Nous mettrons l'accent sur un certain nombre de processus qui bien que faisant partie de la sphère privée, jouent un rôle majeur dans l'intégration. C'est le cas notamment de la religion. Ainsi, les mexicain(e)s qui pratiquent la vénération de la Vierge – en récitant des chapelets à différents moments de l'année et lors d'une grande fête organisée chaque 12 décembre - enregistrent un haut niveau d'intégration . La religion semble être pour les Mexicain(e)s un facteur d'intégration, alors que le modèle d'intégration français est ‘laïc'. Pour les catholiques mexicains, la religion se manifeste de manière privée, individuelle et à l'intérieur de la communauté comme un moment de partage, de fête, de spiritualité, un Sacrum memento où les immigrés reviennent à la source de leur foi et de la fraternité apprise dans leur pays d'origine. De façon plus générale encore, nous chercherons à montrer que le capital social est le pivot du long processus d'intégration des mexicain(e)s en France. Le maintien des relations avec des proches restés au Mexique, l'établissement d'alliances culturelles à travers des associations qui promeuvent la gastronomie, le cinéma et l'art en construisant un ‘networking' entre les deux pays, sont en ce sens des facteurs d'intégration. La capacité à surmonter les épreuves telles que les difficultés linguistiques, la fragilité économique, la vulnérabilité émotionnelle, le manque d'éducation, ou encore l'isolement social et culturel, permettent de construire une certaine résilience et de favoriser l'intégration en France