Livreurs des rues, la mètis à l'épreuve de la plateformisation du travail
Auteur / Autrice : | Élisabeth Leblanc |
Direction : | Philippe Sarnin, Sabrina Rouat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 21/11/2024 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Éducation, psychologie, information et communication (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Groupe de recherche en psychologie sociétale (Lyon ; 2007-....) - Groupe de Recherche en Psychologie Sociétale / GRePS |
Jury : | Président / Présidente : Marc-Éric Bobillier-Chaumon |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Sarnin, Sabrina Rouat | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Sandrine Croity-Belz, Jacques Pouyaud |
Mots clés
Résumé
La consigne donnée par la plateforme est simple : accepter la notification, aller jusqu’au restaurant et récupérer la commande, puis aller livrer le client. Pour devenir partenaire des plateformes, il suffit d’être autoentrepreneur ! Ce qui motive les livreurs, c’est d’être indépendants et de pouvoir choisir leurs horaires, d’être en plein air, de faire du sport, et de gagner de l’argent. Sur le terrain, dans la rue, la réalité est tout autre. L’organisation du travail orchestrée par la plateforme n’est pas celle d’une entreprise classique. Une approche contextuelle et quatre études dressent un portrait de la plateformisation du travail de la livraison et de ses livreurs. Cette organisation du travail spécifique prend forme par l’étude de ses règles de sources multiples. Les livreurs, en quête de régulation pour réaliser et maintenir leur activité de travail, sont enserrés dans un jeu entre leurs motivations, leurs buts et des règles contraignantes, changeantes, opaques et parfois contradictoires de l’organisation du travail. Ingénieux, bricoleurs, astucieux, ces travailleurs tentent de comprendre les règles. Cinq récits d’expérience de la livraison et cent cinquante échanges sur les réseaux sociaux, collectés et analysés, révèlent l’activité de travail réel et la mobilisation forte d’une intelligence mètis, source d’épanouissement et de créativité. Cette dernière se déploie par la ruse, l’illégalité, l’invisibilité, l’illusion, le paraître, mais elle trouve rapidement ses limites. Éprouvée ou captée par les algorithmes, elle s’épuise et disparaît. Les livreurs contraints dans une organisation désorganisée ont une de marge de manœuvre réduite pour réguler leur activité de travail. La plateformisation du travail de la livraison est alors source d’aliénation et de souffrance pour les livreurs.