Thèse en cours

''Le diable se cache dans la mise en oeuvre'' : la politique de réutilisation agricole des eaux usées traitées au Maroc et en Tunisie

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Auteur / Autrice : Amal Ennabih
Direction : Gilles Massardier
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Science politique
Date : Inscription en doctorat le 04/09/2017
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : TRIANGLE - Action, discours, pensée politique et économique

Résumé

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L’objectif de cette thèse est d’expliquer pourquoi et comment, malgré un consensus international et national sur ses avantages comme solution au stress hydrique, la politique de réutilisation agricole des eaux usées traitées au Maroc et en Tunisie a abouti à des réalisations limitées. Par le prisme de la sociologie de l’action publique, nous nous intéressons à la manière dont les acteurs, étatiques et publics cibles des deux pays, se sont saisis de la politique de réutilisation à chaque séquence de la politique publique, produisant ainsi des écarts de mise en œuvre qui nuisent à son développement. Nous montrons qu’à l’échelle internationale, la réutilisation n’est pas un modèle « prêt à l’emploi » mais un assemblage de bonnes pratiques, répondant aux critères d’un « concept nirvana ». Elle repose sur un cadrage technicisé, désincarné, dominé par une communauté épistémique dont les experts sont producteurs et diffuseurs de normes de sécurisation de l’irrigation. Nous mettons en évidence à l’échelle nationale que si les administrations intègrent – dans une certaine mesure - la réutilisation dans leurs prérogatives, elles résistent toutefois à l’intersectorialité nécessaire à sa mise en œuvre. Il en résulte le maintien des frontières sectorielles ce qui recompose les rapports de pouvoirs entre l’Agriculture et l’Assainissement. Nous expliquons que les paralysies observées dans les projets d’irrigation sont aussi attribuables à la superposition de deux paradigmes : celui du développementalisme modernisateur ; et celui de la décharge de la gestion des périmètres irrigués aux associations d’irrigants (dont la gestion des risques et des surcoûts de la réutilisation). Cette cohabitation contradictoire génère des incertitudes et des négociations entre les administrations et entre celles-ci et les publics cibles. Enfin nous montrons que par un effet retour non anticipé par l’État, les dirigeants des associations d’irrigants, en citoyens de politiques publiques, tentent de rééquilibrer à la marge une trajectoire de projet qui leur était initialement défavorable.