Thèse en cours

L'HYBRIDATION DANS LES PROCESSUS DE CRÉATION DES OEUVRES CHORÉGRAPHIQUES CONTEMPORAINES AYANT LES DANSES DE SALON COMME TECHNIQUE DE BASE.

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Auteur / Autrice : Rodrigo Rodrigo
Direction : Claudia Palazzolo
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Arts de la scène et de l'image
Date : Inscription en doctorat le 02/05/2023
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : 3LA - Lettres, Langues, Linguistique et Arts
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Passages XX-XXI

Mots clés

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Résumé

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La littérature sur la danse en occident a toujours considéré comme une évidence la distinction entre danse de société (danse récréative ou festive) et danse théâtrale (ou danse de scène). D'après Apprill « La danse possède deux versants spécifiques et souvent étanches l'un par rapport à l'autre, celui de la scène et celui du bal au sens large (salon, bal, dancing, thé dansant, réception, fête.) ». Néanmoins, une des caractéristiques des créations artistiques contemporaines est représentée par l'hybridation des matériaux, des références et des techniques qui constituent l'élaboration d'une œuvre. Durant ces dernières années cette séparation traditionnelle entre danse de société et danse théâtrale est aussi troublée par des démarches artistiques qui interrogent la possibilité de mettre en scène des danses de société (traditionnelles, folkloriques, festives, etc.). C'est au XXIème siècle que les pratiques sociales de la danse deviennent une véritable source d'inspiration de la création contemporaine. C'est donc dans ce cadre que nous allons nous interroger sur le concept et les procédures d'« artification » (transformation d'un objet/événement considéré comme non artistique en objet/évènement artistique) de la danse de société souvent définie comme « danse de salon » et analyser la manière selon laquelle a lieu la transposition de cette danse sur une scène. Cela implique de s'interroger sur la nature des changements opérés dans le passage de la danse de salon comme pratique sociale à la danse de salon comme forme artistique. Il s'agit notamment du résultat de procédures de rupture, de maintien et d'hybridation des codes chorégraphiques de la danse de salon en vue d'une théâtralisation. Parmi les danses de société ayant fait l'objet d'une théâtralisation nous avons décidé de nous pencher sur les danses dites « de salon ». La définition répandue par Cellarius , un maître à danser auteur en 1840 du livre Les danses de salon désigne des formes de danses de bal en couple fermées ou ouvertes telles que la valse, la polka et la mazurka, s'étant développées au XIXéme siècle. Les œuvres contemporaines dans lesquelles la danse de salon sert de base créative exigent de cette dernière une adaptation de ses structures chorégraphiques, de ses références symboliques et gestuelles. C'est ce phénomène en particulier que nous voulons analyser dans notre thèse. En effet, compte tenu de l'émergence des danses de salon théâtralisées, démontrée par leur présence dans les festivals et espaces théâtraux pertinents, ainsi que par l'utilisation de leurs techniques dans les créations chorégraphiques de danses contemporaines, on suppose qu'il existe des processus d'hybridation artistique en acte dans les procédures de composition chorégraphique. L'incorporation de nouveaux éléments scéniques, prenant également en compte l'existence du spectateur, ouvriraient la voie au dialogue entre différentes techniques de danse, affectant ainsi la plasticité de ces créations, dans le sens de ce que l'on pourrait appeler « danses hybrides ». Après une rétrospective historique sur les formes de transposition des danses de salon dans l'espace scénique, nous analyserons des œuvres chorégraphiques du XXIème siècles (corpus en cours d'élaboration) qui mettent en scène, à des degrés d'hybridation culturelle et artistique plus ou moins importants, des éléments de la danse salon. Pour ce faire nous nous appuierons sur le travail de Palazzolo concernant l'usage par les chorégraphes contemporains d'un type de gestuelle venant de la danse populaire. De plus, nous réaliserons des entretiens aussi bien avec des danseurs et chorégraphes qu'avec des spectateurs des œuvres du corpus. Pour réaliser l'analyse de ce corpus, nous nous baserons sur les outils et pratiques d'analyse des œuvres de danse présentés par Ginot et Guisgand . Les auteurs suggèrent le développement de ce qu'ils appellent des « trames d'analyse » dans la recherche d'un regard attentif sur les réseaux de relations établis dans les spectacles de danse. Nous nous appuierons également sur les outils proposés par Pavis tels que l'analyse de l'événement scénique, les aspects impliqués dans la représentation, son concept de « spectacle » et les éléments qui le configurent. Nous prendrons également en compte les réflexions de Roquet sur le mouvement dans le cadre des duos. Il faudrait notamment analyser les modalités de la transposition du bal à la scène en termes d'espace (orientation, quête de frontalité), de temps (condensation de la durée, accents) et surtout des implications dramaturgiques que ces transpositions impliquent. Quels thèmes, quels sujets les danses de salon sont-elles en mesure de véhiculer ? Pour quelles raisons assiste-t-on à cette migration des formes et des pratiques de la danse de salon du bal à la scène ? Au-delà du corpus mentionné ci-dessus, nous considérerons aussi notre expérience personnelle et professionnelle. En effet, en tant que danseur-créateur de Mimulus Cia de Dança, professeur de danse de salon et chorégraphe, nous avons pu expérimenter dans la pratique les processus de construction chorégraphique évoqués à travers différents spectacles. Nous avons également pu participer à des travaux de construction chorégraphique dans des compagnies dont les danseurs n'avaient pas la maîtrise des codes de la danse de salon, mais plutôt de la danse classique et contemporaine comme São Paulo Cia de Dança (SP), Ballet au Teatro Guaíra G2 (Curitiba), Théâtre Ballet Castro Alves (Salvador), Companhia Sociedade Masculina (SP) et Studio 3 (SP). Ainsi, cette recherche va se nourrir de l'expérience quotidienne du travail de l'artiste et elle pourra certainement être intégrée et nourrir l'axe thématique « Processus de création » de l'équipe de recherche Passages XX-XXI.