Rénover pour normaliser. La Rénovation Urbaine à Mayotte, produire la ville aux frontières de l'État.

Renovating to normalize. Urban Renewal in Mayotte, building the city at the margins of the State.

• Auteur / Autrice : Sarah Bronsard
• Direction : Marie Morelle
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Géographie Aménagement Urbanisme
• Date : Inscription en doctorat le 01/10/2023
• Etablissement(s) : Lyon 2
• Ecole(s) doctorale(s) : ScSo - Sciences Sociales
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : EVS - Environnement Ville Société

Mots clés

Mots clés libres

Rénovation urbaine

Régularisation foncière

Politiques de sécurité

Outre-mer

Normalisation

Racialisation

Urban renewal

Land regularization

Security policies

Post-colonial

Normalization

Racialization

Résumé

La thèse étudie la mise en œuvre des projets de rénovation urbaine à Mayotte et en quoi ils participent au processus de normalisation d'un territoire ultra-marin récemment départementalisé. Il s'agit d'analyser comment le programme national d'aménagement porté une l'Agence Nationale de la Rénovation Urbaine (ANRU), visant une transformation sociale et morphologique des quartiers prioritaires, se transpose dans un territoire d'outre-mer au cœur de l'Océan Indien. En questionnant la marge de manœuvre des agents publics dans le contexte de « mise aux normes » qui caractérise ce jeune département, cette recherche vise à décrire comment l'État s'inscrit et se fabrique en outre-mer par le biais des projets d'aménagement. Il s'agira de comprendre comment sont réinterprétés les principes de la rénovation urbaine sur l'île et dans quelle mesure l'exceptionnalité associée au territoire est mobilisée dans la conduite des projets urbains. Une attention particulière sera portée aux dispositifs de projet créés sur place, pouvant être dérogatoires, produits d'hybridations, d'arrangements et d'expérimentation locales. À partir d'une ethnographie du projet de rénovation urbaine du quartier de Kawéni (commune de Mamoudzou), l'objectif de cette recherche est d'identifier comment s'y imbriquent trois champs de l'action publique : l'aménagement urbain, les politiques migratoires et les politiques de sécurité publique. Analysés comme une déclinaison de la normalisation en cours, il s'agira de se demander en quoi les projets de rénovation urbaine peuvent répondre à des objectifs de contrôle migratoire ou de pacification territoriale dans un contexte de frontière marquée par les tensions. La documentation des résistances locales (réactions des habitants, contournements, déplacements) vis-à-vis des logiques de normalisation portées par le projet urbain fera l'objet d'une analyse spécifique tout au long de la recherche.

This thesis focuses on the urban renewal projects in Mayotte and how they contribute to the normalization process in a recently departmentalized ultra-marine territory. This work will analyze how the national development program supported by the Agence Nationale de la Rénovation Urbaine (ANRU), is transposed to a territory in the heart of the Indian Ocean. By questioning the local power of public officials in the context of the ''normalization'' that characterizes this young department, this research will describe how the State is building itself in ultra-marine territories through urban planning projects. This thesis will analyze how the main principles of urban renewal are reinterpreted in Mayotte and how the island's exceptional status impacts the design of urban projects. Particular attention will be paid to locally-created project tools, which may be derogatory, product of hybridization, local negotiation and experimentations. Based on an ethnography of the urban renewal project in the Kawéni (district of Mamoudzou), this work will examine the intersection of three fields of public action : urban planning, migratory policies and security policies. Analyzed as an extension of the current normalization process, the question is how urban renewal projects can meet the objectives of migration control or territorial pacification in a frontier marked by numerous tensions. The documentation of local resistance (reactions of inhabitants, displacements) to the logics of standardization promoted by the urban project will be the subject of specific analysis throughout the research.