L'expression des événements spatiaux et les (a)symétries spatiales en néguidale (langue toungouse)
| Auteur / Autrice : | Laurène Barbier |
| Direction : | Brigitte Pakendorf, Anetta Kopecka |
| Type : | Projet de thèse |
| Discipline(s) : | Sciences du langage mention linguistique |
| Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2022 |
| Etablissement(s) : | Lyon 2 |
| Ecole(s) doctorale(s) : | 3LA - Lettres, Langues, Linguistique et Arts |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : DDL - Dynamique du langage |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
L'expression des événements spatiaux dans les langues du monde fait depuis longtemps l'objet de recherches, en linguistique mais aussi en sciences cognitives. L'apparition d'études interlinguistiques dans ce domaine a mis en lumière une grande diversité de stratégies et d'outils d'encodage dans les langues pour exprimer des événements spatiaux. Les recherches ont mis en avant une tendance chez les locuteurs de nombreuses langues à privilégier le marquage du but de l'événement spatial, c'est-à-dire l'élément vers lequel quelque chose se déplace, au détriment de la source, c'est-à-dire l'élément depuis lequel quelque chose se déplace, créant ainsi une asymétrie spatiale (Kopecka & Vuillermet, 2021 : 7). Mais cette hypothèse ne se confirme pas dans toutes les langues du monde. Les recherches sur l'expression des événements spatiaux étendues à d'autres familles de langues que celle des langues indo-européennes permettent ainsi de définir plus précisément les mécanismes linguistiques et cognitifs sous-jacents et d'examiner la nature de cette (a)symétrie ainsi que le rôle que jouent les caractéristiques spécifiques de chaque langue au regard de ce phénomène. Les langues toungouses sont parlées dans la Fédération de Russie, en Sibérie centrale, orientale et extrême-orientale, mais aussi en République Populaire de Chine (Janhunen, 2005 : 37). Le néguidale, qui appartient à cette famille de langues, reste peu décrit et ne fait que l'objet de quelques esquisses grammaticales. La langue est pourtant moribonde aujourd'hui et parlée par cinq locutrices dont deux seulement ont encore une pratique régulière (Pakendorf & Aralova, 2018 : 2). Cette situation linguistique critique s'explique par un contact prolongé avec la langue russe (Pakendorf, 2020 : 672), qui s'est intensifié à partir de la seconde moitié du 20e siècle et dont les effets manifestes ont fait l'objet de plusieurs études sur d'autres langues apparentées (Grenoble, 2000 ; Grenoble, 2009 ; Malchukov, 2003). Pour exprimer les événements spatiaux et la trajectoire du mouvement, le néguidale possède plusieurs outils linguistiques : des cas, des verbes permettant d'exprimer le déplacement dans l'espace et plusieurs noms relationnels permettant de préciser la nature de la trajectoire dans l'espace et sa relation aux entités spatiales. Cependant, la diversité de stratégies linguistiques et la fréquence d'usage de différents outils linguistiques pour encoder la source et le but permettent d'avancer que le néguidale pourrait être un nouvel exemple de langue présentant une asymétrie source/but, favorisant le marquage du but au détriment de la source, tel que cela a été avancé dans la littérature (Kopecka & Vuillermet, 2021 : 7). Cette recherche sera menée dans le cadre du projet interlinguistique SALTA (Spatial Asymetries Across Languages, ANR-20-CE27-0015-01). J'envisage d'étudier un corpus existant (Pakendorf & Aralova, 2017) qui rassemble 206 récits récoltés entre 1990 et 2020. je réaliserai d'abord une esquisse grammaticale du néguidale, pour prendre ensuite pour objet l'analyse de l'expression de la trajectoire dans la langue afin d'en proposer une description documentée et exemplifiée. Ainsi, le présent projet de recherche a pour objectif de décrire l'expression des événements spatiaux en néguidale et notamment les différentes stratégies lexicales et morphosyntaxiques mises en uvre pour encoder la source et le but, tout en contribuant à la description de cette langue désormais moribonde.