Royaume-vertige glorifié'': la poésie de Roberto Piva
Auteur / Autrice : | Lucas Figueiredo silveira |
Direction : | Michel Riaudel, Eliane Robert Moraes |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Études portugaises, brésiliennes et de l'Afrique lusophone |
Date : | Inscription en doctorat le 24/07/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université en cotutelle avec Université de São Paulo |
Ecole(s) doctorale(s) : | Civilisations, cultures, littératures et sociétés |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches interdisciplinaires sur les mondes ibériques contemporains |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse vise à analyser la poésie de Roberto Piva, ses caractéristiques et transformations, entre 1961 et 2008. Sorte d' « enfant terrible » de la poésie brésilienne, Piva a fait ses débuts en 1963 avec Paranoia, un recueil que la revue parisienne La Brèche : Action Surréaliste, dirigée par André Breton, considérait comme « le premier livre de poésie délirante publié en brésilien [sic] ». Au cours des décennies suivantes, le poète a publié sept autres livres. La poésie de Piva, dès ses origines, y compris à travers des poèmes publiés avant même son premier ouvrage, était en phase avec les mouvements politiques, culturels et artistiques de son temps. Ce projet poétique, en dialogue et contestation avec tous ces mouvements caractéristiques de la fin des années 1950 et du début des années 1960, allait de pair avec une posture théâtrale précoce : dès sa jeunesse, le poète a été une figure connue et controversée à São Paulo, ce qui semble avoir influencé la réception critique de ses livres. Son uvre fut parmi les premières à dialoguer, par exemple, avec la contre-culture et la poésie beat nord-américaine. Mais elle est aussi fréquemment vue comme un phénomène isolé, ayant peu ou rien de commun avec la poésie écrite au Brésil dans la seconde moitié du XXe siècle, ce que nous souhaitons contester. À partir de la richesse imagétique et référentielle que propose la poésie de Roberto Piva, notre thèse abordera de manière dialectique et critique l'héritage surréaliste controversé et le dialogue de l'uvre pivienne avec les avant-gardes brésiliennes surgies à partir de la fin des années 1950, dont le « concretismo » et la « poesia marginal », ou encore sa participation à deux importants ouvrages collectifs de cette époque-là, l'Antologia dos Novíssimos [1961] et, plus tard, 26 poetas hoje [1976]. Élaborée sur plus de quatre décennies, l'uvre de Roberto Piva peut être divisée en trois phases principales comme l'a déjà suggéré Alcir Pécora, organisateur des uvres complètes du poète qui seront étudiées ici à partir de trois livres composant le corpus principal : Paranoia [1963], son livre le plus connu et une sorte d'« ars poetica du délire », un recueil fondamental pour comprendre les développements ultérieurs de sa poétique ; Coxas [1979], dans lequel s'accentuent l'érotisme et son dialogue avec des thèmes propres à la littérature homoérotique, en particulier les motifs gréco-romains ; enfin Ciclones [1997], une uvre à tendance éco-ethno-chamanique. Chacun des trois livres délimite les lignes de force de cette thèse. L'étude panoramique du projet poétique pivien permettra à la fois une analyse des transformations esthétiques et thématiques qu'il a subies au fil des ans, et la compréhension de la manière dont l'érotisme est passé d'un simple incitateur du « ton blasphématoire » de Paranoia à un élément fondamental de sa poétique. Finalement, nous observerons dans l'uvre et la figure de Roberto Piva un amalgame entre poésie et expérience ce que Walter Benjamin a appelé « vie poétique » dans un de ses textes sur le surréalisme , signes d'une complexification des relations entre poésie et biographie, historicité et culture, phénomène que notre étude cherchera également à aborder.