L'ANTICIPATION DE LA DOULEUR D'AUTRUI EST-ELLE UN PROCESSUS PROSOCIAL ?
Auteur / Autrice : | Manon Kapustka-Véret |
Direction : | Thomas Deroche |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences du sport et du mouvement humain |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences du sport, de la motricité et du mouvement humain |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CIAMS - Complexité, Innovation, Activités Motrices et Sportives |
Référent : Faculté des sciences du sport |
Mots clés
Résumé
L'humain doit en permanence anticiper les évènements qui surviennent dans son environnement, de la simple trajectoire d'un objet à saisir, aux comportements parfois complexes d'une personne avec laquelle il interagit. Lors d'une interaction sociale, cette anticipation permettrait à un observateur de détecter rapidement chez autrui une émotion ou l'initiation d'un geste, mais aussi de prédire des changements de comportements. Le moment représentationnel, (MR) (Freyd & Finke, 1984) constitue un paradigme adapté pour étudier ces phénomènes anticipatoires. Il se caractérise par une anticipation visuelle automatique du mouvement d'un objet, reposant sur des modèles internes impliqués dans la perception de l'environnement (Wolpert et al., 2003). Ainsi, une personne qui doit rappeler la position d'un objet en mouvement ayant soudainement disparu, a tendance à surestimer la distance qu'il a parcourue. Initialement étudié à travers la perception d'objets (Hubbard, 2014; Kelly & Freyd, 1987), ce processus anticipatoire automatique a été généralisé à la perception des mouvements du corps humain (Le Besnerais et al., 2023 ; Wilson et al., 2010 ; Anderson et al., 2019) ou du visage (Prigent et al., 2018), informations déterminantes dans les interactions sociales. Néanmoins, peu de recherches ont utilisé ce paradigme pour étudier les processus à l'uvre lorsqu'une personne (e.g., un clinicien) fait face à la douleur exprimée par autrui (e.g., un patient). Aucune de ces études n'a pu identifier si le MR est dépendant des caractéristiques prosociales de l'observateur et/ ou de son implication dans la situation. Plusieurs expérimentations viseront ainsi à identifier si le MR est un processus prosocial : En étudiant dans quelles mesures certains facteurs de personnalité comme l'agréabilité ou le caractère consciencieux - à l'uvre dans la perception et le jugement de la douleur d'autrui (Courbalay, Deroche, Prigent, Chalabaev, & Amorim, 2015) - expliquent les différences interindividuelles du MR lors de l'observation de comportements de douleurs prototypiques impliquant le visage ou le corps entier. En vérifiant la prévalence et la consistance du MR chez des patients douloureux chroniques, des cliniciens ou des personnes en bonne santé mais faisant l'expérience d'une douleur aiguë.