Les coopérants français en Algérie indépendante. Entre paradigme post-colonial et outil de guerre froide. 1962-1991.
Auteur / Autrice : | Hélène Franc |
Direction : | Nicolas Badalassi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : MESOPOLHIS - Centre méditerranéen de sociologie, de science politique et d'histoire |
Mots clés
Résumé
Si la guerre d'indépendance algérienne a fait l'objet de recherches historiques nombreuses et approfondies, la coopération franco-algérienne et les coopérants sont restés peu étudiés, malgré leur centralité. L'importance stratégique de la coopération avec l'Algérie a été grande. Les moyens financiers, humains et matériels déployés, et la place que la coopération a pu occuper dans la stratégie de rayonnement international de la France, permettent de la rapprocher d'une forme de diplomatie, portée à la fois par l'État français et par les coopérants. La thèse devrait donc permettre de vérifier l'hypothèse que la coopération ne relève pas que d'une simple politique bilatérale, mais correspond à une forme émergente de diplomatie internationale et de politique étrangère, alors que la France, dans un contexte de guerre froide, entend n'être pas entièrement contrainte par la logique Est/Ouest. Le fait d'étudier la coopération franco-algérienne et le rôle tenu par les coopérants sur le terrain permet de comprendre et d'appréhender les logiques de politique internationale de la France pendant la guerre froide. Dans un premier temps, les intérêts matériels, stratégiques, militaires ou encore économiques sont fondamentaux. Toutefois, le 24 février 1971, l'Algérie nationalise ses intérêts pétroliers et la coopération avec la France doit nécessairement se réorienter. Malgré ces changements politiques et institutionnels, le rôle des coopérants semble constant, et peut-être même primordial une fois cet « âge d'or » de la coopération terminé. En effet, les coopérants français permettent, en premier lieu, de maintenir une présence en Algérie qui, d'ailleurs, peut être considérée comme un terrain de guerre froide à part entière. Les rivalités Est/Ouest y existent en effet. Les États-Unis tentent de sécuriser des intérêts économiques sur place, mais l'Algérie, socialiste, se tourne davantage vers l'union soviétique s'agissant des aspects idéologiques et militaires de son fonctionnement. Aussi, les puissances occidentales entendent ne pas laisser l'Algérie échapper à son influence et glisser pleinement vers le bloc de l'est. La France, à l'image de la politique étrangère qu'elle porte de manière globale sur la scène internationale, souhaite s'extraire des logiques bipolaires et réussit à rester la première puissance d'influence en Algérie. Cet aspect essentiel de la guerre froide peut en réalité se voir et être démontré au travers de la présence des coopérants français sur le sol algérien qui, malgré une concurrence parfois rude incarnée par l'envoi de coopérants soviétiques ou arabes, réussissent à rester numériquement supérieurs dans une majorité de domaines, permettant donc à la France d'exercer une forme de soft power. De ce fait, analyser le rôle des coopérants français en Algérie pendant la guerre froide permet de se rendre compte de la place tenue par la France sur la scène internationale pendant le conflit et également d'analyser, de manière plus globale encore, sa politique étrangère. La réalisation de cette recherche s'appuiera sur les fonds d'archives diplomatiques conservées à La Courneuve et à Nantes. La consultation de certains fonds aux Archives Nationales et aux ANOM sera également nécessaire. Dans un souci de diversification des points de vue et des analyses politiques, la consultation des archives de la CIA, très attentive à la coopération franco-algérienne, pourra également être utile. L'utilisation de témoignages et la réalisation d'entretiens auprès d'acteurs de la coopération, français, algériens ou internationaux, seront également centrales, afin de pouvoir constituer un corpus de témoins, pouvant servir de base à la recherche. Il faudra également faire le nécessaire pour accéder aux Archives nationales algériennes, de manière à saisir la façon dont la coopération est conçue, reçue et mise en uvre du côté algérien. L'exploitation de ces sources doit permettre de déterminer les grandes lignes de la politique de coopération, les différentes significations qui lui ont été données et le rôle national, bilatéral et international des coopérants français. Un des enjeux sera de saisir la dimension diplomatique et internationale de la coopération franco-algérienne en l'observant à différentes échelles (gouvernements et ministères français et étrangers, services de l'ambassade de France à Alger, acteurs de la coopération sur le terrain).