Thèse en cours

Evolution et Adaptation des Coccolithophores aux Changements Environnementaux Récents en Méditerranée

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Auteur / Autrice : Majd Habib
Direction : Luc Beaufort
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences de l'environnement: Océanographie
Date : Inscription en doctorat le 02/01/2019
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole Doctorale Sciences de l'Environnement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CEREGE - Centre Européen de Recherche et d'Enseignement des Géosciences de l'Environnement

Mots clés

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Résumé

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Les concentrations actuelles de dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique dépassent tout niveau mesuré depuis les 800 000 dernières années, période couverte par les carottes glacières (IPCC, 2013). Provenant essentiellement de la combustion de combustibles fossiles, le CO2 atmosphérique a augmenté d'environ 278 ppm en 1750 à plus que 400 ppm en 2017 (www.co2.earth). Actuellement, une quantité de CO2 équivalente à environ 25% des émissions anthropiques totales de CO2 dans l'atmosphère s'accumule dans l'océan (Mikaloff-Fletcher et al., 2006 ; Le Quéré et al., 2010). Les changements chimiques dans l'eau de mer, résultants de l'augmentation des concentrations de CO2 atmosphérique, comprennent l'élévation des concentrations de dioxyde de carbone dissous (ou aqueux), des ions hydrogènes (H+), des ions bicarbonates (HCO3-), et la diminution des concentrations des ions carbonates (CO32-) et du pH. La diminution de ceux-ci cause le phénomène connu par 'acidification' de l'eau de mer (Broecker et Clark, 2001; Caldeira et Wickett, 2003). Cette acidification menace les organismes marins qui utilisent des ions carbonates pour construire leurs coquilles et leurs squelettes, comme les coraux, les foraminifères et les coccolithophores (IPCC, 2007; Doney et al., 2009). Les coccolithophores sont des espèces phytoplanctoniques, responsables d'une grande partie de la production de carbonates océaniques modernes (Beaufort et al., 2011). Ils jouent un rôle primordiale dans la séquestration du CO2 atmosphérique dans le fond marin, et donc dans la diminution du taux de CO2 atmosphérique. Plusieurs études ont montré que les coccolithophores réagissent déjà et continueront probablement à réagir à la hausse de CO2 dans l'atmosphère, ce qui a des implications importantes pour sur la biogéochimie de la mer et du climat en futur (Iglesias-Rodriguez et al., 2008 ; Doney et al., 2009 ; Monteiro et al., 2016). Son isolement relatif des advections des océans, à cause de sa situation géographique au milieu des continents, fait de la Mer Méditerranée un site très vulnérable aux changements induits par l'activité anthropique. Plusieurs changements ont été décelés au cours de ces dernières décennies : 1- une baisse de la pluviométrie au Nord du bassin Occidental (Béthoux et Gentili, 1994) et sur l'ensemble du bassin méditerranéen (Norrant et Douguedroit, 2006 ; GIEC, 2007), 2- une augmentation des périodes de sécheresse se traduisant par une fréquence élevée des jours au cours desquels la température dépasserait 30 ºC (Giannakopoulos et al., 2005), 3- une hausse du niveau de la mer qui, selon quelques études (PNUE/PAM/Plan Bleu, 2008), pourrait être de l'ordre de 35 cm d'ici la fin du siècle, 4-Une invasion de toutes ces masses d'eau par le CO2 anthropique (Hassoun et al., 2015), et 5- Une acidification importante de ces eaux (Rivaro et al., 2010 ; Touratier et Goyet, 2009 ; 2011 ; Hassoun et al., 2015). En addition, la température et la salinité de ces eaux profondes augmentent continuellement (Béthoux et al., 1999; Béthoux et Gentili, 1999) et un réchauffement des eaux côtières en Méditerranée Nord-Occidentale (Salat et Pascual 2002 ; Romano et Lugrezi 2007) et Sud-Orientale (Abboud-Abi Saab et al., 2004) est bien enregistré. Toutes les modifications mentionnées ci-dessus, influencent les écosystèmes marins de la Mer Méditerranée, surtout les producteurs primaires, base de la chaîne alimentaire trophique marine. En particulier, les coccolithophores seront le premier groupe à réagir aux changements biogéochimiques, ex. l'acidification de la mer. Les coccolithophores composent un groupe d'algues unicellulaires abondant dans le milieu pélagique. Ce sont les principaux producteurs de carbonate pélagique par la production de leurs petites plaques calcaires que l'on nomme coccolithes. Celle-ci se retrouvent préservées et très abondantes dans les fonds marins. Dans le groupe actuellement dominant, les Noelarhabdaceae, la masse des coccolithes est très sensible à la composition chimique de l'eau de mer. Par exemple, l'acidification actuelle de l'océan impacte fortement leur production au point que certaines espèces disparaissent des zones les plus chaudes actuellement. Le sujet de thèse propose d'une part d'étudier à partir de collecte de coccolithophores vivants la relation en méditerranée entre la calcification dans ce groupe avec les données environnementales. Il est nécessaire de comprendre comment les populations phytoplanctoniques calcifiantes, réagissent aux modifications biogéochmiques reliées à des phénomènes globaux (ex. changement climatique), ainsi qu'aux pressions locales (ex. pollution). De même il est important de pouvoir quantifier comment le changement du système de carbonates dans cette mer affecte le processus de calcification, ainsi que la rapidité de l'adaptation des coccolithophores en Méditerranée s'adaptent à un milieu environnemental changeant. Quel est l'état actuel de ces espèces clés dans les zones méditerranéennes sous-étudiées, surtout dans le bassin Levantin-Est Méditerranée ? Cette thèse a donc comme objectifs de répondre aux questions mentionnés ci-dessus dans le cadre d'un travail doctoral en co-direction entre le CNRS libanais (Centre National des Sciences Marines) et le CEREGE (Université Aix-Marseille- CNRS- IRD, INRA, Collège de France). Durant cette thèse, le candidat devra être impliqué un travail multidisciplinaire, en échantillonnant des paramètres hydrographiques, chimiques, et biologiques de plusieurs stations localisées dans plusieurs bassins méditerranéens (minimum deux : le bassin Levantin : eaux libanaises, et le bassin nord-ouest méditerranéen : eaux françaises). Ensuite, l'étudiant va étudier les corrélations entre les différents paramètres environnementaux et les coccolithophores, en se concentrant la diversité et l'abondance de ces espèces. Une analyse profonde en utilisant des microscopes électroniques et des analyses génétiques pourra être conduite par le candidat afin d'évaluer les effets potentiels des changements biochimiques, surtout de l'acidification et du changement climatique, sur les coccolithes, de mieux comparer les résultats obtenus des différentes zones géographiques, ainsi que pour des études paléontologiques. La morphologie et le degré de calcification des espèces dominantes sera étudiée grâce à de nouvelles techniques d'analyse d'images, de reconnaisse automatique par réseaux de neurones et de microscopie optique polarisée.