Violence et endettement en Chine de Qianlong (1735-1799) à Tongzhi (1861-1875): une histoire sociale d'un fait économique
Auteur / Autrice : | Emma Quéguiner |
Direction : | Frédéric Constant |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire moderne et contemporaine |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche sur les civilisations de l'Asie Orientale |
établissement opérateur d'inscription : EPHE PARIS |
Mots clés
Résumé
Le travail de thèse portera sur la violence physique survenant dans des situations d'endettement du règne de Qianlong (1735-1799) au règne de Tongzhi (1861-1875). Il s'appuiera sur des sources judiciaires issues des archives locales (districts de Danxin, Baxian, Baodi et Nanbu) mais également des xingketiben 刑科題本, des zouzhe 奏摺et des recueils de cas de magistrats. En dépit d'une réécriture, les archives judiciaires offrent une des rares traces de la vie des gens du commun. Elles sont donc une véritable mine d'informations pour faire une histoire sociale. Si la dette, outil de dominations et créatrice de rapports agonistiques, a un sens négatif, elle est également, via le prêt, une des modalités de l'assistance économique aux plus démunis sur laquelle reposent les relations au sein du village et de la parenté. Eclairée par la richesse des apports de l'anthropologie et de l'historiographie, l'étude de la dette permet d'approcher au plus près les conditions de vie des gens du commun et de catégories de personnes souvent oubliés dans les sources indigents, femmes, enfants sous les Qing dans une société où le risque de pauvreté constituait la norme. Les cas de dettes semblent être très souvent à l'origine d'actes de violence entre créanciers et débiteurs ainsi que les recueils de cas et les archives locales et centrales le suggèrent. La violence nous intéressera dans toutes ses manifestations physiques : coups et blessures, mutilations, homicides et suicides. Les différentes affaires et les différents types de violence seront comparés. On étudiera les dynamiques de pouvoir et de violence entre les acteurs, créanciers et débiteurs. On se demandera si la dette est plus mortelle pour le créancier ou pour le débiteur et quelle variation introduisent les taux d'intérêt, le degré de contractualisation de la dette et la nature de la relation entre créancier et débiteur. Le statut relatif de chacun des acteurs et les modalités de la conclusion et de l'exécution de chaque dette seront identifiés. Ceci permettra de mettre en évidence les conditions de possibilité de la violence dans ces affaires. La prise en charge par le droit de ces affaires, à l'intersection entre des questions économiques et des questions de violences interpersonnelles, sera ensuite analysée. L'éventail de violences étudié permettra de voir la multiplicité des réponses du droit à cette question. L'idée que l'absence d'arbitrage des disputes économiques par les magistrats Qing a pu être la cause de violences interpersonnelles sera questionnée. Enfin, des tendances seront mises en évidence et des comparaisons entre districts seront établies.