Le juste salaire : étude comparée des salaires minimaux français et britanniques
Auteur / Autrice : | Eléonore Blondiau |
Direction : | Jérome Porta |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit privé et sciences criminelles |
Date : | Inscription en doctorat le 02/09/2024 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de droit |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : COMPTRASEC - Centre de Droit Comparé de Travail et de la Sécurité Sociale |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Se poser la question du caractère juste du salaire implique de procéder à une estimation de la valeur du travail salarié, à une étude de la concordance - ou non - entre cette valeur et le salaire fixé, et à une critique de la pertinence de cette quantification et de cette concordance. La complexité de tels exercices n'a cessé d'animer des débats au sein de la société civile et de la communauté scientifique et ce dès le XIXème siècle. Les économistes l'abordèrent surtout sous l'angle de la justesse du montant du salaire, soit à l'aune de la productivité du travailleur plus que de la justice du salaire, qui renvoie quant à elle à des idéaux sociaux. Cependant, sauf à ne pas mettre en doute la naturalité du marché, le concept du juste salaire ne saurait être lu qu'à la lumière des débats économiques. D'un point-de-vue juridique, l'expression surprenante de « juste salaire », qui ne relève pas du vocabulaire juridique, souligne le choix d'emprunter aux analyses économiques pour saisir comment le droit conçoit l'encadrement des salaires. Le terme de « juste » ouvre à l'étude de la justice et de la justesse du prix et du coût du travail, le droit y faisant écho depuis plus d'un siècle. Plusieurs sources de droits international et européen qualifient en ce sens le salaire devant être fixé, et ce sur appui de plusieurs qualificatifs différents. Le droit du travail envisage ainsi plusieurs conceptions du juste salaire, ce que cette pluralité de standards indique tout comme l'élaboration d'instruments qui poursuivent la fixation de salaires conformes à ces discours. L'institution phare de cet encadrement juridique, qui toutefois ne saurait y être réduit, demeure les salaires minimaux légaux et conventionnels. Leur instauration n'implique cependant pas leur contribution systématique à la fixation de salaires justes. Il s'agira notamment d'étudier la réception des discours économiques par les dispositifs de fixation de salaires minimaux prévus par de nombreux droits internes ainsi que par l'Organisation Internationale du Travail (OIT) et l'Union européenne. La comparaison entre les droits français et britannique apparaît comme particulièrement pertinente pour mener à bien cette étude. Si le droit social français suit le modèle interventionniste, l'Etat britannique serait plutôt enclin à un laisser-faire des autres acteurs en matière de relations collectives. La comparaison entre un droit français et un droit britannique des salaires minimaux ne vise ainsi pas à détecter des bonnes pratiques. Ces derniers ne s'insèrent pas dans les mêmes ordres et familles de droit, et surtout pas dans les mêmes systèmes de relations collectives de travail. Que faut-il alors attendre d'une telle comparaison ? Nous pouvons en espérer au moins deux enseignements. Le premier concerne l'influence de la directive européenne sur le droit français. La conception qui la sous-tend emprunte en effet à la conception du Living Wage britannique. Il y a là une possible manière de tracer les tensions qui peuvent survenir entre cette directive et le droit français. Un second enseignement serait celui de la compréhension des rapports entre droit du travail et savoirs économiques à l'heure d'un renouveau de l'Europe sociale dans lequel la France s'inscrit en tant que membre de l'Union européenne. Les dispositifs de fixation des salaires minimaux ont pour spécificité d'intégrer des références à des instruments économiques, par exemple à certains indicateurs. Il s'agirait de se pencher sur ces relations complexes, notamment par une étude de ces références ou encore de la commission nationale de la négociation collective de l'emploi et de la formation professionnelle.