Thèse en cours

Questionnement heuristique de l'instant de la décision médicale :Approche anthropologique comparée de la décision médicale dans l'usage antibiotique et en psychiatrie

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Auteur / Autrice : Patricia Etienne
Direction : Pascal NouvelThierry Lavabre-bertrand
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 29/08/2024
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Éducation Éthique Santé (Tours)

Mots clés

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Résumé

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1/ Objet, contexte et enjeux de la recherche La connaissance médicale n'est pas un savoir scientifique comme un autre : elle a pour objectif un soin, un traitement, i.e une intervention auprès d'un individu. Le malade appelle un changement dont la décision médicale serait médiatrice. Du point de vue du thérapeute, il s'agira de transformer un savoir (médical) en action permettant la réalisation de cet objectif (la « meilleure » santé). Ainsi, la décision médicale n'est pas la finalité d'une connaissance, c'est une action qui va modifier la vie de l'autre (le patient). Par ailleurs, le diagnostic médical est la mise en pratique d'un savoir collégial, cumulatif et porteur de doutes et de contingences. L'incertitude est permanente dans l'exercice de la médecine. Malgré le constat, l'exercice de la décision médicale au quotidien nécessite la résolution rapide de problèmes complexes. De fait, il est vraisemblable que la décision médicale consiste en une opération mentale «intuitive, rapide et automatique » , c'est-à-dire en un raisonnement heuristique. Le questionnement heuristique revient donc à interroger la méthode de résolution d'un problème découlant sur un acte fondamentalement éthique : la transformation d'un savoir médical porteur d'incertitude en action thérapeutique sur autre sujet que soi-même. 2/ Problématique Malgré la théorisation de la « décision médicale partagée » (HAS 2013, loi du 04 mars 2002) et de la « médecine basée sur les preuves », il semble que nombre de décisions médicale, confrontées à l'omniprésence de l'incertitude en médecine, échappent à ces « idéaux-types ». Ils relèveraient de raccourcis de la pensée que l'on emprunte lorsque les exigences d'une tâche cognitive et technique sont trop élevées, c'est-à-dire une heuristique de jugement. Il s'agira de questionner le moment, (la bascule) où un savoir devient un acte éthique ; ce questionnement heuristique analysera en profondeur les conflits du sujet, et les impacts provoqués par les fonctionnements institutionnels, sociétaux, et les politiques de santé. 3/ Méthodologie Le fait de s'intéresser à l'observation des faits de l'expérience vécue par un sujet, en s'affranchissant de doctrines préalables, nécessitera une approche inductive, anthropologique et phénoménologique. Observer l'instant de la décision médicale justifiera des outils méthodologiques tels les entretiens d'explicitation (Vermersch, 1994), aidant à la « la verbalisation de l'action ». Une approche comparée permettra de rechercher les invariants lors des décisions médicales. L'incertitude venant bouleverser la décision médicale, j'ai choisi comme lieu d'observation deux terrains au sein de domaines médicaux opposés quant à la perception de l'incertitude afférente : 1/les situations de prescription d'un antibiotique (domaine à contour nosologique et thérapeutique normé et faisant l'objet d'une inflation de recommandations). 2/ les décisions médicales en psychiatrie (caractérisée par une relation thérapeutique régulièrement décrite comme bouleversée par une inflation nosologique et au carrefour de considérations scientifiques, sociales et politiques). 4/ Compétences requises pour le projet Poser un regard explicatif, ou critique, sur la décision médicale, requiert une compréhension des schéma décisionnels en médecine, et d'autre part la possibilité de convoquer un appareillage conceptuel différend. Ces compétences me sont accessibles par ma formation universitaire (Master 2 d'Anthropologie de la Santé et Doctorat de Médecine). Ma pratique professionnelle me donne aussi un accès facilité aux lieux de réalisation de la décision médicale. Néanmoins, proposer de confondre exercice professionnel propre et terrain d'étude nécessitera de questionner mes capacités de distanciation, en m'appuyant sur une démarche anthropologique (entretiens d'explicitation), afin de poser un « regard éloigné » sur mon objet de recherche.