La garantie des vices cachés en droit français, source anormale d'insécurité juridique
Auteur / Autrice : | Corentin Pecqueur |
Direction : | Charles-Edouard Bucher |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit |
Date : | Inscription en doctorat le 15/07/2024 |
Etablissement(s) : | Nantes Université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit et Science politique - Pays de Loire (Nantes) |
Mots clés
Résumé
La garantie des vices cachés est un mécanisme millénaire dont la trace peut être remontée au moins jusqu’à l’époque de la République romaine. Elle est consacrée depuis 1804 aux articles 1641 à 1649 du Code civil, et son texte n’a que très peu évolué pendant les deux derniers siècles ; à l’heure où commencent à se mettre en place des projets de réforme du droit des contrats spéciaux au travers d’un projet de simplification de la vie économique, se pose la question de la pertinence à son temps du mécanisme de la garantie des vices cachés et des problématiques d’insécurité juridique qu’elle emporte. En effet l’acheteur qui met en jeu cette garantie devra démêler les complexités de son mécanisme, évaluer les autres modalités d’actions qui peuvent être cumulables ou exclusives, prouver l’existence d’un vice non-décelable au moment de la vente, le cas échéant prouver la mauvaise foi du vendeur pour obtenir réparation de son préjudice, tout en subissant à la fois les conséquences du vice, les inquiétudes apportées par les recours aux expertises, les courriers de procédure et l’aléa judiciaire. Le vendeur quant à lui subira une insécurité juridique qui se traduit par la durée de son exposition dans le temps (dont la prescription vicennale a été récemment confirmée par quatre arrêts de la chambre mixte de la Cour de cassation en date du 21 juillet 2023) ou encore par l’existence d’une présomption irréfragable contra-legem lorsqu’il a la qualité de professionnel. Son risque n’est d’ailleurs pas externalisable par le biais d’une assurance puisque l’action en garantie des vices cachés n’est pas une action en responsabilité. Tant l’acheteur que le vendeur devront enfin souffrir du manque de clarté et d’intelligibilité de la loi. L’existence de cette insécurité juridique (qui nécessite elle-même d’être redéfinie) au titre du mécanisme de garantie des vices cachés semble emporter des conséquences concrètes qui ne se limiteraient pas aux seuls intérêts des acheteurs et des vendeurs concernés : la perception, la compréhension et la correction de ces conséquences serviraient à la compétitivité du droit et des sujets de droit (à l’aune des obligations légales et morales de RSE, de durabilité des biens vendus, face aux attentes légitimes des acheteurs contemporains, dans un contexte de compétition et de contraintes internationales de production et de marché).