Origine de la masse des étoiles : universalité ou variations en fonction de la dynamique de l'environnement ?
Auteur / Autrice : | Roméo Veyry |
Direction : | Frédérique Motte |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Astrophysique et Milieux Dilués |
Date : | Inscription en doctorat le 30/09/2024 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale physique (Grenoble, Isère, France ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de Planetologie et d'Astrophysique de Grenoble |
Résumé
L'objectif principal du projet de thèse est de revisiter le paradigme largement accrédité de l'universalité de la formation des étoiles, et en particulier de l'origine de la masse des étoiles. Ce paradigme stipule que la fonction de masse initiale des étoiles (appelée IMF) et la distribution des masses des curs (appelée CMF) sont indépendantes des propriétés des nuages moléculaires dans lesquels les étoiles se forment. Dans le cadre de ce paradigme, un cur est en effet un fragment de nuage qui s'effondre sous l'effet de sa propre gravité pour former une étoile unique, il constitue donc le réservoir de masse pour former une étoile. Le projet de thèse proposé ici exploitera pleinement les données du Grand Programme ALMA-IMF (Motte et al. 2022) obtenues par le plus grand interféromètre submillimétrique du monde (ALMA), ses observations de suivi, ainsi que des simulations numériques menées par les groupes du CEA Saclay (Hennebelle & Gonzalez) et de l'IPAG (Bernard & Moraux). Le projet se développera dans le cadre du consortium ALMA-IMF constitué de plus de 60 chercheurs dont un tiers en France (voir https://www.almaimf.com/). Nous avons collaboré efficacement au cours des cinq dernières années (bases de données de haute qualité, 15+ articles majeurs) et proposons ensemble des projets de suivi avec ALMA ainsi qu'avec les tout nouveaux observatoires JWST (télescope spatial de la NASA) et NOEMA (interféromètre submillimétrique de l'IRAM). Parmi nos résultats sur le sujet, nous avons prouvé que la CMF des proto-amas d'étoiles massifs présentait un excès de curs massifs, mettant à mal l'idée de l'universalité de l'origine de la masse des étoiles (voir Motte et al. 2018 ; Pouteau et al. 2022, Y. Pouteau était en thèse sous ma direction). Nous avons également montré que ces CMFs atypiques se construisaient à partir d'un environnement présentant du gaz bien plus dense et plus dynamique que les nuages moléculaires classiques (Pouteau et al. 2023). Le doctorant effectuera un travail détaillé sur l'évolution dynamique des curs, ces réservoirs de masse dédiés à la formation des étoiles. Dans un premier temps, il emploiera les cubes de données traçant l'émission de nombreuses raies moléculaires, obtenus avec ALMA et NOEMA, vers plusieurs proto-amas correspondant à des environnements différents de la Voie Lactée. Il quantifiera notamment la masse des flots de gaz qui alimentent les curs et font ainsi évoluer la CMF pendant l'effondrement gravitationnel. Dans un second temps et dans le cadre d'une collaboration avec des modélisateurs du CEA de Saclay (ERC ECOGAL et ANR COSMHIC), le doctorant étudiera ces mêmes flots de gaz alimentant les curs dans les simulations numériques de pointe (code RAMSES, reconnu mondialement pour ses capacités multi-échelle et les détails de la physique implémentée). L'objectif final du projet de thèse sera ainsi de relier, pour la première fois de façon correcte, la masse des curs à celle des étoiles et de prédire l'évolution des CMF en une IMF sous l'influence de phénomènes dynamiques, négligés dans les théories actuelles de la formation des étoiles.