La solitude de l'entrepreneur en difficulté : une approche par les provisions sociales
Auteur / Autrice : | Magali Thépot |
Direction : | Vincent Maymo, Julien Cusin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences de gestion |
Date : | Inscription en doctorat le 26/07/2024 |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Entreprise, économie, société (Talence, Gironde ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : IRGO - Institut de Recherche en Gestion des Organisations |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Chaque année, plusieurs centaines de milliers d'entrepreneurs connaissent des difficultés pour gérer une organisation dont la performance n'est pas au rendez-vous. De telles situations s'accompagnent d'un cortège de problématiques pour le dirigeant, en particulier relationnelles avec l'ensemble de ses parties prenantes. Si le développement d'une entreprise nécessite de savoir s'entourer dès le départ, les entrepreneurs se retrouvent bien souvent démunis et isolés. Les difficultés rencontrées s'accompagnent d'enjeux techniques et de défis humains pour le chef d'entreprise. On pensera alors aux relations avec les employés, avec les associés, avec la famille et au besoin de référent ou de soutien. Les conséquences sur le bien-être et la qualité de vie au travail peuvent être catastrophiques comme le soulignent les « fameux » 3D (dépôt de bilan, divorce et dépression). De plus en plus d'associations et de professionnels du restructuring s'activent pour sensibiliser l'opinion publique et les entrepreneurs sur cette situation délicate dans un pays qui compte jusqu'à 60.000 liquidations judiciaires par an. Pour autant, les avis convergent pour souligner les limites du système lorsque les entrepreneurs restent persuadés qu'ils peuvent s'en sortir seuls. Souvent, ils se tournent vers leurs pairs en participant aux clubs d'entrepreneurs, mais ils ne parlent que rarement des difficultés qu'ils rencontrent. Ils se montrent méfiants et ne souhaitent surtout pas ébruiter leurs difficultés, de peur de perdre en crédibilité auprès de leurs partenaires d'affaires. Se sentant également honteux, ils sont enclins à se replier sur eux-mêmes. Ce piège de la solitude est clairement identifié par les acteurs de l'écosystème, avec des campagnes de communication comme « Entreprises fragilisées par la crise, vous n'êtes pas seules ! » de la DRFiP33. Les médias regorgent d'articles sur leur mal être et soulignent l'isolement de l'entrepreneur en difficulté. En France, peu voire pas d'études ont été conduites sur le sujet depuis l'étude de BPILelab (2016). Côté académique, le thème des difficultés entrepreneuriales est largement étudié par un pan entier de la recherche en entrepreneuriat et on peut lui associer des travaux comme ceux de Cardon, Wiklund, Patzelt, Shepherd, etc. Dans une moindre mesure, le sujet de la solitude a aussi connu un intérêt croissant suite à l'article de Saporito (2012). Bien connu des travaux en psychologie suite à Weiss (1973) ou Peplau et Perlman (1979), le concept a depuis été repris par les chercheurs en entrepreneuriat. Le sentiment de solitude peut parfois être problématique et conduire à l'isolement du dirigeant, notamment lorsqu'il est en proie à des difficultés. En suivant les travaux de Weiss (1973, 1974) l'entrepreneur aurait besoin de mettre en uvre des provisions sociales pour bien vivre son activité et ne pas plonger dans l'isolement. L'enjeu apparait d'autant plus important que l'entrepreneur doit faire face à des difficultés importantes : activité ralentie, endettement, masse salariale, conflits... Dans le cadre de ce travail, où il conviendra de mieux comprendre le phénomène de la solitude entrepreneuriale et de ses déterminants, on peut alors se demander quelles sont les stratégies de provision sociale mises en uvre par les entrepreneurs pour faire face aux difficultés qu'ils rencontrent. Le sujet de recherche proposé s'inscrit dans le cadre d'un programme de recherche portant sur l'accompagnement des entrepreneurs en difficultés (https://projet-beer.fr/). Plusieurs recherches y ont été conduites, notamment sur la dimension psychologique de la difficulté entrepreneuriale. Le sujet de la solitude du dirigeant prolonge cet axe. Le profil de candidat recherché serait donc un chercheur en gestion désireux de mobiliser des méthodologies de gestion (qualitatives et quantitatives) et capable de s'ouvrir sur des travaux issus des sciences humaines et de la psychologie en particulier.