La régulation des pratiques de droits humains dans les chaines de valeur globales en tant que dispositif. Le cas d'une multinationale française vu sous le prisme du travail institutionnel et du travail aux frontières
Auteur / Autrice : | Alix Blanchard |
Direction : | Guillaume Delalieux, Poul Fritz Kjaer |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences de gestion |
Date : | Inscription en doctorat le 13/12/2023 |
Etablissement(s) : | La Rochelle |
Ecole(s) doctorale(s) : | EUCLIDE |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Environnement Organisation LEgislation |
Mots clés
Résumé
Le devoir de vigilance est une obligation faite aux entreprises multinationales de prévenir les atteintes graves aux droits humains, aux libertés fondamentales, à la santé, à la sécurité des personnes et à l'environnement, qui pourraient résulter de leurs activités ou celles de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs. L'irruption de cette loi en 2017 a donné lieu à une série de questionnements que les jurisprudences françaises et les futures réglementations européennes viendront clarifier. En attendant, les entreprises multinationales doivent appliquer ces principes de manière concrète en élaborant et appliquant un plan de vigilance. Cependant, mobiliser des acteurs aux rôles et intérêts différents autour d'un projet commun présente certains défis. Au sein de la société mère, les cultures professionnelles propres à chaque direction (RSE, achats, juridique ) façonnent leur cadrage des enjeux de vigilance. Quant aux filiales opérant à l'international, elles font face à des pressions institutionnelles conflictuelles entre pays d'origine et pays hôte. Certaines adoptent ainsi des stratégies d'isomorphisme organisationnel (DiMaggio & Powell, 1983; Heugens & al, 2009) en contradiction avec les exigences du devoir de vigilance. La loi pose donc un risque de découplage (Bartley & Egels-Zanden, 2016), c'est-à-dire d'écart entre les discours de la société mère et les pratiques des filiales, fournisseurs et sous-traitants. Le présent projet de recherche s'interroge sur les dispositifs (Agamben, 2006) permettant d'opérationnaliser la loi auprès des filiales. La société mère doit prévenir le risque de découplage tout en générant l'adhésion des acteurs opérationnels, car c'est à eux qu'il revient d'appliquer le devoir de vigilance au quotidien. Pour étudier cet enjeu, le travail mobilisera et combinera le cadre théorique néo-institutionnel croisé avec celui de l'analyse des dispositifs.