Thèse en cours

Les chemins du parfum : Grasse, la Cour, le monde. Dynamiques culturelles et environnementales d'une économie française des senteurs (XVIIe - XVIIIe siècle)

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Auteur / Autrice : Bastien Baudy
Direction : Anne BroginiPierre-Yves Beaurepaire
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire et civilisations des mondes moderne et contemporains
Date : Inscription en doctorat le 31/08/2024
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CENTRE DE LA MÉDITERRANÉE MODERNE ET CONTEMPORAINE

Résumé

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Aujourd'hui, Grasse a acquis une renommée internationale de ''capitale mondiale du parfum''. Cependant, c'est au cours des XVIIe - XVIIIe siècles qu'une dynamique parfumée a réellement pris forme, s'illustrant ainsi en point de départ d'une trajectoire économique dynamique. Toutefois, la matérialisation de cette dynamique économique semble en réalité être le résultat de la conjonction de faits humains et environnementaux. D'une part, la Seconde modernité apparaît comme un temps de redéfinition du rapport entre la société et les odeurs : l'odorat, seul des cinq sens acquis et non inné, se sensibilise au sein des cours européennes et devient un instrument de la ''culture des apparences'', et l'usage de parfums suit l'édiction de nouvelles normes sociales et mondaines. D'autre part, la production de senteurs à Grasse s'inscrit dans un changement climatique dû à l'affaiblissement du Petit Âge Glaciaire et aux hausses de températures ressenties dans le Sud de la France, permettant le développement de plantes à parfums dans le territoire grassois, dont le sol et l'air secs favorisent la culture de plantes xérophiles odoriférantes. La thèse vise donc à questionner l'impact des mutations culturelles et des données environnementales dans les processus de dynamisation de la trajectoire économique d'un espace situé sous l'Ancien Régime. Pour comprendre l'essor parfumé grassois, la recherche se veut irrémédiablement porteuse d'un jeu d'échelle nécessaire : de la façade méditerranéenne, plaque tournante des importations et des exportations du commerce grassois mais aussi structure des conditions environnementales de la production ; à l'échelle française, où la Cour apparaît comme un lieu d'échange économique et de sociabilités pour les parfumeurs ; jusqu'à l'échelle mondiale (Amériques, Europe, Moyen-Orient) d'où proviennent certaines senteurs et vers où s'exportent les productions grassoises. L'ensemble de ces dynamiques sera à mesurer en fonction d'une économie française de senteurs : Grasse n'est pas la seule ville à produire de la parfumerie sous l'Ancien Régime, mais parvient au fil des siècles à dépasser ses concurrents français (Montpellier, Grenoble, Lyon, Paris) et étrangers (Florence, Parme, Cologne, Grenade, Séville). Dès lors, l'étude grassoise sera à confronter à la réalité économique de ses concurrents : quels liens entretiennent-ils ? Quelles sont les spécificités grassoises ? En quoi les données culturelles et environnementales peuvent-elles favoriser l'économie de la cité des parfums ? Les réponses à ces questions seront alors des clés d'analyse et de compréhension de l'essor économique d'une ville promise à la domination d'un marché dont les chemins couvrent Grasse, la Cour et le monde.