Essais sur la Sécurité Sociale de l'Alimentation : perspectives de macroéconomie, valeurs plurielles de la biodiversité et communs dans les agroécosystèmes
Auteur / Autrice : | Adam Poupard |
Direction : | Laurence Scialom |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences Economiques |
Date : | Inscription en doctorat le 17/07/2024 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Économie, organisations, société (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : EconomiX (Nanterre) |
Mots clés
Résumé
La Révolution Verte, politique de transformation des agricultures fondée sur l'intensification chimique et l'utilisation de variétés de céréales à hauts potentiels de rendement, a contribué à assurer la sécurité alimentaire partout autour du globe. Toutefois, sa forte dépendance à l'utilisation d'engrais et de pesticides a engendré des coûts environnementaux considérables. Ces coûts environnementaux détériorent les flux de services écosystémiques sur lesquels reposent l'agriculture elle-même. Pourtant, des pratiques agricoles garantes d'un bon état écologique des agroécosystèmes existent déjà, au premier rang desquelles l'agroécologie. Ce paradoxe apparent est étroitement lié aux façons dont les choix politiques et économiques arbitrent et façonnent les valeurs de la nature, à savoir de façon prédominante via sa valeur de marché ainsi qu'à un large faisceau de verrous socio-techniques. Pour faire entrer la biodiversité dans l'équation, il est donc nécessaire de mobiliser des outils d'économie politique hors-marché, dont le champ de la gouvernance des communs est un exemple. La Sécurité Sociale de l'Alimentation (SSA) est l'un de ces outils : une extension de la protection sociale visant à assurer conjointement un droit à l'alimentation, sous réserve de cotisation et un revenu stable aux agriculteurs conventionnés. La valeur des pratiques agricoles durables peut être intégrée directement dans les niveaux de conventionnement des agriculteurs, intégrant les différentes dimensions de paiements pour services environnementaux. Cette intégration est-elle suffisante pour lever les verrous sociotechniques qui retiennent l'agriculture dans son modèle productif conventionnel ? Le travail s'articulera autour de 3 axes permettant une approche intégrée de la SSA, en tissant des liens novateurs grâce aux outils de l'économie institutionnaliste, économie écologique, et modélisation intégrée en agronomie et biodiversité, afin d'explorer les dimensions économiques, institutionnelles et écologiques de la SSA. Tout d'abord, la thèse situe le concept de SSA en économie institutionnaliste de l'agriculture, sur une base appelant les notions de commun, de biens premiers et de propriété sociale. Ce travail préliminaire permet de définir une proposition de SSA décisions de conventionnement locale, équilibre budgétaire national qui sera l'objet central de l'étude par la suite. Dans un deuxième temps, la thèse mobilise la littérature sur les scénarios agricoles et alimentaires de long terme dans le but de proposer des scénarios physiques d'impact sur les agroécosystèmes, éléments essentiels pour des travaux de prospective. Sur la base de ces deux briques essentielles, la thèse a recours dans un troisième temps à des outils de modélisation intégrée afin d'évaluer les effets de la mise en place de la SSA. Un enjeu essentiel de la thèse sera de mettre en cohérence les multiples échelles d'organisation de l'agriculture, entre une agriculture internationalisée sous les forces institutionnelles de la PAC et de la multiplication des grandes firmes, et l'émergence de caisses locales de SSA. L'échelle d'évaluation choisie pour la SSA sera l'échelle nationale, échelle d'organisation cohérente au regard de l'histoire de la Sécurité Sociale française.