De la métaphysique au politique : causalité immobile et causalité démiurgique chez Aristote et Plotin
Auteur / Autrice : | Irène Soudant |
Direction : | Gwenaëlle Aubry |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Théories et histoire de l'esthétique, du technique et des arts (Villejuif, Val-de-Marne) |
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....) |
Résumé
Aristote et Plotin partagent le refus du modèle platonicien de la causalité démiurgique, et l'idée que le mode de causalité propre au Bien, qui est posé au principe, est celui d'une cause immobile qui a des effets à la fois sans action et sans médiation. Mais les systèmes métaphysiques et causaux qu'ils inventent en alternative sont radicalement différents, et cet écart se prolonge jusque dans leurs philosophies pratiques. Cette thèse se propose donc d'étudier la dissociation entre les concepts de cause et de mouvement qui s'opère dans les théories aristotélicienne et plotinienne de la causalité immobile, ainsi que ses conséquences pratiques, selon une triple ligne directrice. (i) La causalité immobile aristotélicienne, quand elle est intégrée par Plotin à un système à la fois néoplatonicien et non-démiurgique, cesse d'être dite motrice pour devenir productrice. (ii) L'efficience et la délibération qui caractérisent le démiurge sont réintégrées chez Aristote dans la figure du législateur, alors que chez Plotin la critique métaphysique s'accompagne d'une critique anthropologique, qui réduit ce type de causalité à une forme déficiente de production. (iii) L'exclusion plotinienne du démiurge se double de l'absence de philosophie politique constituée dans les Ennéades, tandis que la démiurgie est justement, chez Aristote, le mode propre de causalité de la tekhnè politikè, et que la politique est science architectonique. Notre problème sera donc le suivant : comment expliquer que la critique du même modèle causal aboutisse, d'une part, à deux théories distinctes de la causalité, et, d'autre part, à un traitement contraire de la figure du démiurge réintégration chez Aristote, exclusion chez Plotin ? Et peut-on voir là un principe d'explication de l'importance chez Aristote, de l'apparente inexistence chez Plotin, d'une philosophie politique ?