Thèse en cours

Rigidité mesurée des groupes d'automorphismes d'immeubles

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Auteur / Autrice : Antoine Derimay
Direction : Jean Lecureux
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Mathématiques fondamentales
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2024
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de mathématiques Hadamard (Orsay, Essonne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de mathématiques d'Orsay (1998-....)
Equipe de recherche : Topologie et dynamique
Référent : Université Paris-Saclay. Faculté des sciences d’Orsay (Essonne ; 2020-....)

Mots clés

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Résumé

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Les immeubles sont des objets inventés par J. Tits lors de l'etude des groupes algébriques réductifs : à un tel groupe, on associe un immeuble sur lequel le groupe agit. La structure de ces immeubles dépend du groupe de Weyl W, qui est, dans le cas des groupes algébriques réductifs, fini. Par la suite, F. Bruhat et J. Tits ont découvert un nouvel usage de la notion d'immeuble : ils étudient les groupes réductifs, mais cette fois sur des corps locaux. Le groupe de Weyl est alors un groupe de Coxeter affine : il agit par transformations affines sur un espace euclidien. L'immeuble obtenu est un recollement des pavages de l'espace euclidien ainsi obtenus, et pour cette raison, on appelle un tel immeuble un immeuble affine. Si les immeubles ci-dessus sont sans aucun doute les plus dignes d'intérêt, il existe également d'autres exemples. En dimension 2, on peut construire bien des exemples d'immeubles affines, qui ne proviennent pas forcément de la construction de Bruhat et Tits. Certains de ces exemples ont un groupe d'automorphisme cocompact, dont la structure est intéressante à étudier. On obtient ainsi des exemples de groupes avec des propriétés très proches de celles des réseaux dans des groupes tels que $SL_d(Q_p)$. Plus précisément, il s'agirait de travailler à des résultats de rigidité en équivalence mesurée. Cette notion, introduite par Gromov comme parallèle à la quasi-isométrie, est définie comme suit : deux groupes G et H sont mesurablement équivalents (ME) s'ils admettent des actions libres et qui commutent sur un espace mesuré standard $(X,mu)$, en préservant la mesure et avec des domaines fondamentaux de mesure finie. L'exemple typique est donné par deux réseaux (pas forcément cocompacts) dans un groupe localement compact. L'objectif de cette thèse est de classifier, à mesure équivalence près, les groupes ME à un groupe $Gamma$ agissant proprement et discontinuement sur un immeuble affine X (de type $tilde A_2$ ou plus général). On s'attend en effet à ce que $Gamma$ soit très rigide : si H est ME à $Gamma$, alors H devrait agir sur le même immeuble que $Gamma$. C'est l'analogue d'un résultat de Furman pour les réseaux dans les groupes de Lie (non écrits dans le cadre $p$-adique, mais les techniques s'appliquent de la même façon). La preuve de Furman fait appel de manière cruciale au théorèmes de Margulis et son extension équivariante par Zimmer. La première étape serait donc de généraliser ces résultats de manière pertinente aux réseaux d'immeubles exotiques. Pour cela, il est important de comprendre le bord de Poisson de l'immeuble (ou du groupe), qui est un espace mesuré qui permet de décrire les fonctions harmoniques bornées. Ce bord devrait s'identifier à l'ensemble des chambres de l'immeuble sphérique à l'infini de X, muni d'une mesure adéquate. Ces questions sont intéressantes également pour elles-mêmes, les fonctions harmoniques sur les immeubles étant un sujet classique et largement étudié. Ce bord de Poisson est donc un objet à la fois probabiliste (par sa structure mesurée) et combinatoire (par sa structure d'immeuble). Le rapport entre les deux structures est assez subtil et central dans de nombreux théorèmes de rigidité, et probablement utile pour les questions que j'ai décrites ci-dessus. Indépendamment des questions de rigidité, on peut se poser de nombreuses questions : par exemple, y a-t-il plusieurs mesures sur le bord compatibles avec la structure d'immeuble ? A partir de la seule mesure (et de l'action de $Gamma$), que peut-on retrouver de la structure d'immeuble ? Une autre question connexe possible est celle de la rigidité ME des groupes agissant sur des immeubles non-affines. Des exemples particulièrement intéressants sont donnés par les groupes de Kac-Moody: ce sont des réseaux non-uniformes dans le groupe d'automorphisme de l'immeuble. On sait pour l'instant qu'il en existe une infinité qui sont deux à deux non ME, mais on s'attend à des résultats de rigidité beaucoup plus forts.