Thèse en cours

Achéménides, Séleucides et successeurs. Recherches sur l'évolution de la pratique royale du pouvoir entre Egée et Indus (IVe - IIe siècle av. J.-C.)

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Auteur / Autrice : Hadrien Dutheil
Direction : François Lefèvre
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire de l'Antiquité
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2024
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mondes anciens et médiévaux (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Orient et Méditerranée (Ivry-sur-Seine, Val de Marne ; 2006-....)
Equipe de recherche : Antiquité classique et tardive

Résumé

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Ce projet vise à observer l'insertion de la domination gréco-macédonienne en Asie, à l'époque hellénistique, dans l'évolution de la pratique royale du pouvoir au Proche-Orient. L'étude se focalisera tant sur l'expression idéologique du pouvoir royal que sur sa mise en pratique très concrète, basée sur la mise en place d'une administration, d'un dialogue avec les commuautés soumises, et de marqueurs physiques de l'idéologie royale justifiant le droit des rois à régner. L'étude se focalisera sur les IVe - IIe siècles : à la fin du IVe siècle, le royaume séleucide se stabilise, tandis qu'à la fin du IIe, il est déjà bien engagé dans son lent processus de décomposition. Nous cantonnerons l'étude à un espace géographique défini par l'ancien espace achéménide hormis l'Egypte, sujet en tant que tel. Ainsi, en début de période, notre espace ne contient comme seul pouvoir royal majeur que le royaume séleucide (avec quelques portions appartenant aux concurrents lagide et antigonide ainsi qu'à Lysimaque) tandis qu'en fin de période, tous les pouvoirs royaux qu'il contient sont constitués d'entités ayant fait sécession du pouvoir séleucide. Afin d'étudier l'insertion de la domination gréco-macédonienne dans l'évolution de la pratique royale du pouvoir au Proche-Orient, on observera d'une part comment les Gréco-Macédoniens arrivant avec Alexandre le Grand vont, au moment où ils constituent des royautés - à l'époque des Diadoques - adopter certaines pratiques proprement proche-orientales : issues du pouvoir achéménide principalement. En deuxième lieu, on cherchera à voir quels éléments les Gréco-Macédoniens ajoutent à ces pratiques, en puisant dans le référentiel culturel grec. Ainsi, à un instant t, qui est celui de la conquête, on pourra voir quelle est la part des héritages gréco-macédoniens et proche-orientaux dans la pratique royale du pouvoir chez les Séleucides. Ensuite, il faudra par une analyse diachronique, tracer la façon dont évolue l'importance de chacune de ces parts ; on analysera non seulement la progressive réappropriation par les Séleucides de l'idée de royauté supérieure, justifiant la domination universelle du roi sur des territoires qu'il a de plus en plus de mal à contrôler, comme la concession de l'autonomie à des ethnè puisant leur fonctionnement propre dans une longue tradition locale de pouvoir. Enfin, il faudra observer la façon dont le successeurs des Séleucides reprennent ou non les éléments de pratique royale du pouvoir que ceux-ci se sont auparavant réappropriés en les transformant. On verra que là où les dynasties royales du Pont, de Cappadoce, et parthe, de référentiel culturel iranien, s'accaparent elles-mêmes l'idée de royauté supérieure et s'inscrivent à la suite des Séleucides et en tant que successeurs de ces derniers, les royaumes culturellement grecs ont plutôt tendance à manifester une volonté de rupture à l'égard des Séleucides. C'est le cas des Attalides, et des rois gréco-bactriens. Une telle recherche se basera sur l'établissement d'une chronologie grâce aux sources littéraires, qui seront ensuite analysées en détail au prisme des sources épigraphiques, numsimatiques et archéologiques. De cette façon, le projet cherche à redimensionner le phénomène royal et hégémonique dans l'ancien espace achéménide, pour aller au-delà de la rupture souvent évoquée lorsqu'on parle de la conquête de l'empire perse par Alexandre. Là où les travaux de Pierre Briant ont permis d'appréhender cette absence de rupture en ce qui concerne le Conquérant, les travaux qui concernent les Séleucides ont peu mis l'accent sur les réemprunts qu'ils ont effectué sur leurs prédécesseurs, hormis de façon ponctuelle ou à un instant précis (L. Capdetrey 2023) et jamais sur le temps long. C'est cette insertion de la domination gréco-macédonienne dans une évolution de la pratique royale du pouvoir, sur le temps long, que le projet vise à mettre en évidence.