Thèse en cours

Une « mission civilisatrice » post-ottomane ? Histoire trans-impériale de la formation étatique grecque (1908-1936)

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Auteur / Autrice : Lukas Tsiptsios
Direction : Jean-numa DucangeAnastassios Anastassiadis
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire
Date : Inscription en doctorat le 14/10/2021
Etablissement(s) : Normandie en cotutelle avec McGill university (Montréal, Canada). Faculty of arts
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normandie Humanités (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe de recherche d'histoire (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime ; 2004-....)
Établissement co-accrédité : Université de Rouen Normandie (1966-....)

Résumé

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Cette thèse propose d’étudier le passage de l’empire à l’État-nation en prenant pour objet les territoires ottomans conquis et administrés par la Grèce après les guerres balkaniques, de 1912 jusqu’à la fin de l’entre-deux-guerres. Une première hypothèse de recherche postule que ce passage n’est pas une transition abrupte de l’un à l’autre, mais qu’à bien des égards l’État-nation grec se forme aussi en ayant des ambitions impériales. Selon une deuxième hypothèse, la défaite grecque face aux troupes kémalistes en 1922 et l’échange de populations qui a suivi en 1923 opèrent une rupture entre une phase expansionniste et une phase d’homogénéisation nationale de la Grèce, mais sans pour autant changer les acteurs de la gouvernance libérale. Ainsi, en suivant les trajectoires des intermédiaires du pouvoir libéral grec dans les « Nouveaux Territoires » après 1912, il s’agira de retrouver les trois types de gouvernance alors expérimentés : une potentielle « mission civilisatrice » inspirée des modèles coloniaux ; la réappropriation pragmatique de la gouvernance ottomane pour gérer la diversité des populations administrées ; les politiques d’ingénierie démographique pour finalement helléniser la Macédoine par la colonisation interne. Ce projet propose de faire une histoire trans-impériale de la formation étatique grecque par l’étude des acteurs d’un mouvement libéral européen (le vénizélisme), devenu républicain après la guerre. Intégrer pleinement le cas grec à l’historiographie post-ottomane rend possible une compréhension comparatiste de la construction nationale sur le temps long, en prenant compte des héritages ottomans. En outre, le dialogue avec l’histoire impériale et coloniale peut internationaliser les enjeux grecs. Cela permet de nourrir en retour des réflexions sur la colonisation interne, l’histoire des réfugiés ou sur la partition territoriale comme solution libérale de pacification des conflits dans la première moitié du XXe siècle.