Thèse en cours

Des parents qui éveillent aux langues à l'écοle maternelle : vers un bilinguisme harmοnieux ?

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Auteur / Autrice : Violaine Beduneau
Direction : Veronique Miguel addisu
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du langage - linguistique
Date : Inscription en doctorat le 08/10/2020
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : Normandie Humanités
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : DYNAMIQUE DU LANGAGE IN SITU
Établissement co-accrédité : Université de Rouen Normandie
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Leglise, Annick De houwer, Nathalie Thamin, Mehmet-ali Akinci, Chantal Dompmartin, Nathalie Auger, Veronique Miguel addisu
Rapporteur / Rapporteuse : Chantal Dompmartin, Nathalie Auger

Résumé

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L’objectif de ce travail est de comprendre comment un projet d’éveil aux langues auquel participent les parents peut constituer une médiation entre l’environnement scolaire et l’environnement familial, au profit du développement langagier harmonieux de l’enfant plurilingue. La transmission linguistique familiale s’inscrit dans un processus sans cesse renégocié (Barontini, 2014 ; Curdt-Christiansen & Huang, 2020). Les politiques linguistiques éducatives (Blanchet, 2017), les caractéristiques sociolinguistiques de l’environnement, les représentations linguistiques parentales (De Houwer, 1999, 2017) et l’agentivité de l’enfant (Humeau et al., 2023) conditionnent ces pratiques langagières familiales (Léglise, 2022). En France, la langue française est primordiale à la réussite scolaire et à la socialisation de l’enfant (Montmasson-Michel, 2016). Les langues et pratiques langagières des familles peinent à être reconnues et valorisées à l’école, excepté lors de séances d’éveil à la diversité linguistique (Dompmartin-Normand, 2011 ; MEN, 2023). L’entrée à l’école des enfants plurilingues constitue de ce fait une période sensible d’un point de vue psychologique, social, identitaire et linguistique. Elle peut influencer la transmission linguistique familiale et affecter l’harmonie du développement langagier de l’enfant (De Houwer, 2006), appréhendée dans ce travail selon un regard sociolinguistique. Afin d’observer les enjeux de telles séances pour l’harmonie du développement langagier de l’enfant plurilingue, nous avons mené une recherche-intervention dans deux classes d’une école maternelle située en REP+. Dans une démarche ethnographique, l’expérience langagière de dix familles qui y ont participé a été recueillie au moyen de captations vidéo, d’entretiens semi-directifs et de tests langagiers ELAL (Moro et al., 2018). Les analyses qualitatives pointent qu’un tel projet engage une médiation relationnelle, cognitive et langagière entre l’environnement scolaire et l’environnement familial (Coste et Cavalli, 2015 ; Alvir et al., 2024). Pour les parents et les enfants rencontrés, cette étude rend compte d’une appréciation complexe et située de ce qui fait la pluralité de soi et de l’Autre. Cet espace de médiation a un pouvoir émancipateur sur ses acteurs (Auger, 2008, 2014) : les parents développent leur réflexivité et les stratégies linguistiques familiales s’en trouvent renforcées. Les enfants prennent conscience de leur plurilinguisme et sont plus à même de l’exprimer (Molinié, 2011). Ces résultats tendent vers un bilinguisme harmonieux dans le sens où ces séances de médiations constituent des sutures entre les frontières que la scolarisation de l’enfant avait pu tracer. C’est notamment en accueillant et en valorisant en son sein les parents et les pratiques langagières familiales que l’école maternelle peut répondre aux enjeux affectifs, identitaires, cognitifs et inclusifs qui sont les siens.