Οppοsitiοn et cοnciliatiοn dans les ''Ηymnes'' de Rοnsard
Auteur / Autrice : | Sophie Sierra |
Direction : | Xavier Bonnier |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Langues et litteratures francaises |
Date : | Inscription en doctorat le 18/10/2019 |
Etablissement(s) : | Normandie |
Ecole(s) doctorale(s) : | Normandie Humanités |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CENTRE D'ETUDE ET DE RECHERCHE EDITER INTERPRETER |
Établissement co-accrédité : Université de Rouen Normandie | |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Bruno Meniel, Caroline Trotot, Anne pascale Pouey mounou, Nathalie Dauvois, Xavier Bonnier |
Rapporteur / Rapporteuse : Bruno Meniel, Anne pascale Pouey mounou |
Mots clés
Résumé
De 1549 à 1584, Ronsard écrit des hymnes d’une grande variété formelle et thématique. Le poète y développe des récits mythologiques ou allégoriques, évoque les guerres contemporaines, pratique l’éloge, tout en respectant une posture d’orant qui tente de restaurer les liens entre humanité et divinité. Ce simple constat peut justifier de réfléchir sur les hymnes à partir du couple notionnel « opposition et conciliation ». Notre étude, fondée sur des analyses narratologiques, stylistiques et rhétoriques, vise à comprendre comment la poétique du conflit contribue à rendre compte de la conception de l’univers de Ronsard, et plus spécifiquement de la place qu’il accorde à l’activité poétique dans l’appréhension des mystères des relations de l’humanité avec le divin. Nous suivons un fil thématique qui conduit progressivement à une réflexion sur le discours philosophique, la pragmatique, et la dimension métapoétique des hymnes. Ce parcours nous conduit à évaluer si cette poétique du conflit peut constituer un trait définitoire du genre au sein du corpus disparate des hymnes ronsardiens. Nous nous intéressons d’abord à la représentation des tensions constitutives d’un univers fondé sur la concordia discors : celle-ci met en évidence le mystère d’un cosmos harmonieux malgré les forces contradictoires qui l’animent et pourraient en provoquer la destruction. La force ou la violence, mais aussi la parole ou l’art, semblent capables d’y maintenir l’ordre. Nous étudions ensuite les évocations bien plus ambivalentes des conflits terrestres. Ils peuvent dévoiler les qualités des combattants, mais ils s’apparentent aussi profondément au « Discord », le désordre qui mine l’harmonie cosmique. Ainsi, les rapports de force sur terre révèlent l’imperfection fondamentale d’une humanité en qui s’opposent la matière et l’esprit. La troisième partie réfléchit à la pragmatique de l’hymne, qui vise à obtenir une action divine bénéfique en retour de l’énonciation du poème. En ce sens, le choix du genre hymnique souligne la confiance accordée par le poète à la parole ; celui-ci s’accorde d’ailleurs un rôle d’intermédiaire essentiel entre humanité et divinité. En effet, les prières cherchent à protéger les bénéficiaires de toutes sortes de maux qui font ressentir à l’homme dans son corps la lutte entre la chair et l’esprit, c’est-à-dire, dans une perspective chrétienne influencée par le néoplatonisme, la tension entre la tentation de la chute dans la matière et l’élévation vers le divin. La quatrième partie poursuit la réflexion sur la représentation de l’opposition entre l’esprit et la matière : cet antagonisme se traduit notamment par des récits mythologiques mettant en scène des personnages placés dans une position intermédiaire entre terre et ciel, qui ont l’audace de vouloir combler cet espace. Le questionne-ment sur la fonction conciliatrice de la parole est central dans ces récits, qui paraissent en outre faire signe vers l’aristotélisme pour résoudre la tension entre matière et esprit intrinsèque à la condition humaine. Le poète s’inclut parmi ces figures audacieuses : il semble donc légitime de rechercher dans la poétique des hymnes la trace d’une réflexion sur la possibilité, pour l’hymnographe, de s’accomplir au sens aristotélicien. Ronsard peut-il « inventer », au sens rhétorique du terme, ce langage tout puissant capable de communiquer avec le divin ? Nous tentons de répondre à cette question dans la dernière partie. Pour cela, nous y étudions en particulier l’énonciation afin de définir en quoi les pièces de notre corpus pour-raient être trace de la quête de cette voie/x apte à réconcilier l’homme avec le divin.