Thèse en cours

Les droits collectifs des travailleurs à l'épreuve du numérique : approche de droit comparé, droits français et italien

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Auteur / Autrice : Giulia Danesin
Direction : Barbara PalliLuigi FoffaniSilvia Borelli
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit privé et sciences criminelles
Date : Inscription en doctorat le 14/05/2024
Etablissement(s) : Université de Lorraine en cotutelle avec Università degli Studi di Parma
Ecole(s) doctorale(s) : SJPEG - SCIENCES JURIDIQUES, POLITIQUES, ECONOMIQUES ET DE GESTION
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut François GENY

Résumé

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Depuis une dizaine d'années, la digitalisation a contribué à l'émergence des plateformes numériques d'emploi qui mettent en relation l'offre et la demande d'un service de livraison, de transport ou de l'exécution d'une micro-tâche. Actuellement, plus de 5,5 millions d'européens sont des travailleurs des plateformes. Ce chiffre a de sérieuses chances d'augmenter considérablement dans les années et les décennies à venir. De ce fait, il est essentiel que ces travailleurs, marqués d'une certaine vulnérabilité d'un point de vue sociologique, soient pourvus, d'un point de vue juridique, de garanties dites sociales. La nature juridique du rapport triangulaire entre le client, la plateforme et les « prestataires de services » est une question débattue en doctrine et en jurisprudence, qui présente d'ailleurs un intérêt pour l'Europe et bien au-delà. Les travailleurs de plateformes sont-ils des salariés, des indépendants ou relèvent-ils d'un tiers statut ? Quelles sont leurs conditions de travail et le régime de sécurité sociale de base et complémentaire qui s'appliquent à eux ? Les réponses que les États apportent à cette question divergent. Le droit de l'Union cherche simultanément à assurer la sécurité juridique et à favoriser le développement d'un modèle d'activité qui crée de l'emploi. Ce projet de thèse en cotutelle franco-italienne prendra appui sur les instruments juridiques existants ou en cours d'adoption et sur les travaux de recherche déjà menés ou en cours, pour étudier les droits collectifs des travailleurs digitaux. Par droits collectifs on entend la liberté d'association, le droit à la représentation collective, le droit à la négociation collective et le droit de grève. Le régime applicable aux droits collectifs des travailleurs digitaux dépend de la qualification de la relation qui les unit aux plateformes digitales. Si, et dans la mesure où, ils sont indépendants, ils ont certes accès à la liberté d'association, mais pas forcément au droit à la négociation collective. En effet, en l'état actuel des Traités, l'article 101 du TFUE interdit les accords entre entreprises susceptibles de réguler et donc de fausser le jeu de la concurrence. Or un travailleur des plateformes indépendant constitue une entreprise, au sens juridique de ce terme, et de ce fait ne saurait, du moins en principe, négocier avec une plateforme numérique. De surcroit, les travailleurs indépendants n'adhèrent pas nécessairement à des organisations syndicales traditionnelles. Le taux de syndicalisation des travailleurs digitaux est de ce fait encore plus faible que celui des salariés ordinaires. Ces travailleurs créent parfois des associations d'indépendants dont la représentativité réelle interroge. Aussi cette thèse a pour objectif d'étudier, et ce à trois niveaux différents - européen, français et italien - l'émergence des droits collectifs des travailleurs digitaux. Nous allons nous intéresser à l'émergence des nouveaux acteurs du dialogue social aussi bien au niveau des plateformes numériques qu'au niveau des secteurs concernés, déjà connus ou à naître, à leur représentativité et à leur capacité à produire des normes collectives ordinaires ou d'un type nouveau qui se substitueraient en tout ou en partie à la réglementation classique du travail. L'intérêt de cette thèse est d'interroger l'avenir du dialogue social et de la négociation collective dans un monde où la gestion digitale et algorithmique des emplois sera omniprésente.