La responsabilité civile du Commissaire aux comptes
Auteur / Autrice : | Jean-Maurice Saal |
Direction : | Vincent Perruchot-triboulet |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | En droit spécialité Droit privé |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2010 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Sciences juridiques et politiques (Aix-en-Provence) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CDE - Centre de Droit Economique |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le Commissaire aux comptes (CAC) est une personne exerçant à titre libéral une profession réglementée dont le rôle est de contrôler la régularité des écritures comptables des sociétés et la véracité de leurs constatations au regard des documents qui les justifient. Dans le cadre de ses fonctions, le commissaire aux comptes est responsable sur le plan civil, pénal et disciplinaire. Pour les commissaires aux comptes, la responsabilité civile contractuelle trouve son application dans la relation avec le client. La lettre de mission précise que la mission doit être exercée dans le respect de l'ensemble des normes d'exercice professionnel. C'est donc leur non-respect qui engage la responsabilité du professionnel. Ce dernier n'étant débiteur que d'une obligation de moyens, il appartient à la personne qui entend engager sa responsabilité de prouver qu'il y a eu faute, c'est-à-dire de démontrer que le commissaire aux comptes n'a pas mis en uvre les moyens adéquats. Les juges ont tendance à sanctionner sévèrement cette faute, sa caractérisation étant appréhendée avec de plus en plus de rigueur par la jurisprudence. La responsabilité civile délictuelle a connu une évolution fondamentale, qui peut se traduire par deux grandes idées : le déclin de la responsabilité pour faute et celui de la responsabilité individuelle. Les commissaires aux comptes engagent leurs responsabilité délictuelle pour les actions faites mais également de celles qui n'ont pas été faites. Ainsi, ne pas déclencher la procédure d'alerte peut être lourd de conséquences. A l'image d'autres professions, les mises en cause des professionnels sont de plus en plus nombreuses. Et s'ils sont assurés, force est de constater que le montant des dommages et intérêts auxquels ils peuvent être exposés ne cesse de croître. La responsabilité disciplinaire du commissaire aux comptes est engagée dans les cas suivants : infraction aux lois, règlements et normes professionnelles, au code de déontologie de la profession et aux bonnes pratiques ; négligence grave ; fait contraire à la probité, à l'honneur ou à l'indépendance (même ne se rattachant pas à l'exercice de la profession). Les sanctions sont : l'avertissement ; le blâme ; l'interdiction temporaire pour une durée n'excédant pas 5 ans ; la radiation de la liste ; retrait de l'honorariat. L'inéligibilité aux organismes professionnels (10 ans maximum) peut aussi être l'avertissement, le blâme ainsi que l'interdiction temporaire d'exercer la profession. La responsabilité pénale sera recherchée lorsqu'une personne physique ou morale est jugée responsable en cas : d'usage illicite du titre de commissaire aux comptes (personne non inscrite sur la liste professionnelle, par exemple) ; et d'exercice illégal de la profession (violation des incompatibilités de la profession avec d'autres activités, par exemple). Une personne qui accepte, exerce ou conserve les fonctions de commissaire aux comptes en son nom personnel, ou au titre d'associé dans une société de commissariat aux comptes, en dépit des incompatibilités légales, peut être condamnée jusqu'à 6 mois d'emprisonnement et 7 500 d'amende. Le commissaire aux comptes est responsable en cas d'infractions commises dans l'exercice de sa mission et notamment : rapport sur les comptes annuels incomplet (jusqu'à 2 ans d'emprisonnement et 9 000 d'amende) ; information mensongère sur la situation de la société (jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 75 000 d'amende) ; défaut de révélation de faits délictueux (jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 75 000 d'amende) ; violation du secret professionnel (jusqu'à 1 an d'emprisonnement et 15 000 d'amende). Les commissaires aux comptes sont confrontés à trois défis principaux en matière de responsabilité. Le premier d'entre eux est de savoir si la façon dont ils ont exercé leur mission va entraîner ou non une perte de chance. Cette notion, assurable, est devenue immaîtrisable. Appréciée par les juges du fond, elle varie avec le temps et les juridictions, ce qui en fait un risque difficile à établir. Même minime, l'indemnité représentant la perte de chance oscille entre 30 % et 70% du gain manqué par l'investisseur du fait de la négligence ou du manquement du commissaire aux comptes. Le deuxième défi réside dans la diversité des cas de mises en cause : des malversations aux anomalies non décelées, des manquements aux obligations professionnelles au défaut de circularisation des comptes de tiers, du non-respect des conventions réglementées au défaut d'identification des faiblesses du contrôle interne, de la non révélation des faits délictueux au dépôt tardif du rapport, le catalogue est large. Le troisième défi est de faire face au montant des condamnations, dans un contexte général de durcissement de la jurisprudence et d'aggravation du montant des réclamations. La condamnation la plus lourde, au titre du contentieux de la responsabilité de la profession, s'élève à 230 Millons d'Euros, ramenée à 150 Millons d'Euros, au terme de 24 années de procédure. Le contrat groupe souscrit avec la CNCC couvre la responsabilité des commissaires aux comptes pour l'ensemble de leurs activités conformes aux dispositions légales et réglementaires. L'assureur prend donc en charge l'indemnisation des préjudices résultant directement de la faute du professionnel à concurrence d'un plafond de garanties de 8 Millions d'Euros par sinistre. Ce plafond est revu de façon systématique afin que la garantie de base soit suffisante pour absorber la quasi-totalité du contentieux de la responsabilité civile, en dehors de quelques cas exceptionnels. Les assureurs ne prennent pas en charge les conséquences civiles d'une infraction pénale, à l'exception de tout ou partie des frais de défense, ni les sanctions disciplinaires, ces dernières ne réparant pas un préjudice. Dans cette étude nous allons donc nous étendre sur la responsabilité civile du commissaire au compte et les cas de sa mise en uvre en s'interrogeant sur l'impact des évolutions de la responsabilité sur l'activité des commissaires aux comptes.