''Aimer ce qui meurt''. Poétiques de la mise à nu dans la poésie française moderne et contemporaine, de Baudelaire à Bonnefoy
Auteur / Autrice : | Gökçe Ergenekon |
Direction : | Jérôme Thélot |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Lettres mention langue et littérature françaises |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2016 Soutenance le 28/06/2024 |
Etablissement(s) : | Lyon 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....) |
Résumé
Ce travail se propose d’identifier la mise à nu poétique comme un modèle de connaissance à part entière, dont la spécificité irréductible est d’aimer ce qui meurt. De Mon cœur mis à nu (1887), publié après la mort de Charles Baudelaire, à l’un des derniers poèmes d’Yves Bonnefoy, « Le Pied nu », paru quelques mois avant sa mort (Ensemble encore, 2016), les occurrences de la nudité et des gestes qui s’y rapportent – dévoilement, révélation, épiphanie ou, à l’inverse, voilement, dissimulation, mystère – infusent la poésie française moderne et contemporaine. Notion aux mille visages, la nudité revêt une densité référentielle, nourrie par des imaginaires érotiques, moraux et esthétiques hybrides, et sous-tendue par la terminologie phénoménologique qui s’y rattache. À travers la lecture d’une trentaine de poètes des XIXe et XXe siècles examinés sous le signe de l’hypotexte baudelairien, le propos s’attachera d’abord à montrer que le dévoilement érotique du corps nu dans les poèmes révèle les tensions inhérentes à la représentation poétique. Dans un deuxième temps, il s’agira ainsi de requalifier le geste de mise à nu à la lumière d’Yves Bonnefoy et par la mise en miroir de quatre poétiques choisies (Pierre Jean Jouve, René Char, André Frénaud, Yves Bonnefoy), pour considérer la poésie comme « un acte de connaissance » qui « ne peut être qu’aimer ». Envisagé comme le corps d’autrui « qui se dérobe sans trêve à la représentation » (G. Bataille), « ce qui meurt » en vient à désigner ce qui échappe à la saisie conceptuelle, ce qui fait défaut ou encore se donne comme invisible, en vertu d’une analogie avec la nudité corporelle qui fonde toute mise à nu poétique en son rapport à la finitude et à l’érotique.