Manipulation d’artefacts à visée didactique pour l’apprentissage des mathématiques au cycle 4
Auteur / Autrice : | Elsa Lespets |
Direction : | Rodica Ailincai, Antoine Delcroix |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation et de la formation |
Date : | Inscription en doctorat le 17/10/2023 |
Etablissement(s) : | Polynésie française |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale du Pacifique (Faaa ; 2005-....) |
Résumé
Le niveau en mathématiques est en baisse depuis plusieurs années en France, ce que révèle entre autres l’étude TIMSS : d’une part, elle comptabilise 12% d’élèves de quatrième n’atteignant pas le niveau élémentaire en 2019 contre 3% en 1995, et le nombre d’élèves de niveau avancé est passé lui de 11% à 2% en 24 ans. D’autre part, cette même étude a mesuré à travers un questionnaire la confiance en soi et la motivation de ces élèves face à la matière : en 2019, 45% ne sont pas confiants en leurs capacités en mathématiques et seulement 11% déclarent beaucoup aimer cette discipline (Colmant & Le Cam, 2019). Ce constat alarmant interroge. Une des raisons que l’on peut souligner est que l’apprentissage des mathématiques peut s’avérer délicat pour certains élèves lorsqu’on leur demande d’acquérir des compétences d’abstraction et de raisonnement (Radford, Demers et Miranda, 2009). Une des pistes préconisées par le rapport ministériel Villani-Torossian « 21 mesures pour l’enseignement des mathématiques » (2018) est de mettre en œuvre, dès le plus jeune âge, un apprentissage fondé sur la manipulation d’artefacts comme première étape. Ces dernières années, de plus en plus d’acteurs de l’enseignement ont effectivement développé des méthodes (par exemple la méthode de Singapour, la méthode heuristique…) ou des chercheurs mené des études autour de ce sujet notamment pour le niveau primaire (Dias et al., 2022), (Guissard & Henry, 2011), (Berdonneau & de Montmorency, 2006), mais beaucoup moins pour le niveau collège. L’objet de cette thèse est d’étudier l’impact que pourrait avoir l’introduction de la manipulation d’artefacts pour les élèves de cycle 4, même si cette période d’apprentissage est plus exigeante en termes d’abstractions et de raisonnement par rapport aux cycles précédents. L’objectif étant, quel que soit leur niveau de départ, de les accompagner sur ce chemin d’abstraction, de les guider dans la résolution de problèmes et de leur redonner goût à l’apprentissage des mathématiques. Le matériel expérimental que l’on utilisera en guise d’artefacts à manipuler sera spécialement conçu pour notre étude. Nous mènerons une étude comparée entre la mise en œuvre d’une dimension contextuelle liée au lieu d’expérimentation (en l’occurrence la Polynésie française), et une utilisation peu contextualisée du matériel afin d’établir une « analyse didactique contextuelle » (Delcroix, Forissier et Anciaux, 2018). Nous étudierons aussi l’utilisation d’une extension virtuelle pour mesurer l’efficacité du « duo d’artefacts tangibles et numériques » pour notre matériel à manipuler (Soury-Lavergne, 2017). Pour cela, nous pourrons observer la genèse instrumentale liée à notre artefact et ses schèmes d’utilisation émerger de la part des élèves (Béguin et Rabardel, 2001). Une dimension ludique pourra éventuellement être ajoutée à cet artefact, nous pourrons en mesurer la plus-value de la mise en œuvre d’une « ingénierie didactique et ludique » (Pelay, 2011) dans notre expérimentation en classe. Nous espérons ainsi contribuer à répondre à la problématique suivante : quelle place accorder, en termes d’ingénierie pédagogique, à la manipulation d’artefacts à visée didactique pour les mathématiques au cycle 4 ? Les éléments de réponses à cette problématique pourront être des appuis pour les enseignants ou chercheurs qui souhaitent à leur tour concevoir des artefacts à manipuler comme outil de médiation instrumentale pour les mathématiques étudiées au cycle 4.