Thèse en cours

L'objection de conscience en droit médical au Québec et en France

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Auteur / Autrice : Shirin Louy
Direction : Claude ProeschelBertrand Lavoie
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire du droit et des institutions
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2023
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec Université de Sherbrooke
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe sociétés, religions, laïcités
établissement opérateur d'inscription : EPHE PARIS

Résumé

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Objectif : Le présent projet de recherche propose d'étudier le droit à l'objection de conscience en cas d'interruption volontaire de grossesse (« IVG ») afin de comprendre les points de tension existant entre le droit à l'IVG et le droit à l'objection de conscience des médecins. Problématique : Cette recherche est réalisée dans un contexte d'actualité particulièrement tendu où l'accès à l'avortement est remis en question. L'IVG est un droit reconnu et protégé par la loi au Québec et en France. Cependant, il demeure possible pour un médecin de refuser ce soin en vertu de sa liberté de conscience. En France, l'objection de conscience a été adoptée comme condition à la loi Veil et au Québec ce droit est garanti par le Code déontologie des médecins. Cette objection de conscience protège ainsi la liberté de conscience et de religion des médecins, un droit fondamental, mais crée potentiellement un déséquilibre qui peut porter atteinte aux droits fondamentaux des bénéficiaires de soins. Ainsi, la pratique de cette objection risque de mettre en péril le droit à la sécurité des patients garanti par l'article 7 de la Charte canadienne. Si l'objection de conscience peut servir de garant à la liberté de conscience des médecins, elle peut opérer un déséquilibre quant aux droits fondamentaux des bénéficiaires de soins (Bernard-Douchez, 2010). Il perdure une controverse en littérature sur la confrontation éthique qui existe entre ces droits fondamentaux (Maclure et Dumont, 2017). Dans cette thèse, le recours au droit comparé est judicieux puisque l'IVG et l'objection de conscience sont des pratiques établies en milieu médical, mais juridiquement encadrée différemment. Les conceptions de la laïcité et des croyances dans les deux juridictions ainsi que les différentes conditions légales pour avorter et soulever une objection de conscience permettent de justifier la pertinence d'une comparaison franco-québécoise. Ce projet contribuera à l'avancement des connaissances scientifiques et permettra des avancées pour les soignants sur le terrain. Cette recherche permettra de dégager des pistes de solutions pour mieux outiller les patientes lors d'un refus de soin et une pacification des rapports entre les médecins et les bénéficiaires des soins de santé. Méthodologie et cadre théorique : Afin de bien comprendre les motivations des médecins concernant le recours ou non à l'objection de conscience, il est proposé d'utiliser une méthodologie qui recourt à des entretiens semi-dirigés. Il s'agit d'une méthodologie de plus en plus utilisée en droit (Gesualdi-Fecteau et Guénette, 2022). Le choix du cadre théorique est celui de la conscience du droit qui permet, selon Ewick et Silbey (1998), d'étudier comment les personnes interprètent les normes juridiques encadrant leurs activités et comment cette compréhension influence leurs actions. L'études des motivations des médecins concernant leur recours à l'objection de conscience fait écho à la manière dont les individus expriment leurs conscience du droit dans leurs activités professionnelles. cette recherche s'intéresse à la manière dont des entretiens semi-dirigés avec des médecins sur ces thématiques permettent de dégager des outils juridiques pour mieux arbitrer les droits fondamentaux des médecins et des patients. Une méthodologie empirique qualitative permettra de répondre aux objectifs de la recherche. Également, le droit comparé permettra d'analyser ces entretiens auprès de médecins de manière à dégager des solutions juridiques aux conflits existants entre différents droits fondamentaux.