Tourisme, identité et partimonialisation : analyse appliquée à la valorisation de la communauté de la Hakka à Taïwan
Auteur / Autrice : | Chien-ni Lai |
Direction : | Olivier Sevin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Géographie politique, économique, sociale et culturelle |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2015 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de Géographie de Paris. Espace, sociétés, aménagement (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : MÉDIATIONS Sciences des lieux, sciences des liens |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Les Hakkas sont auréolés d'un mystère ; on leur reconnaît aujourd'hui une inventivité artistique et une fécondité culturelle décisive mais quelle est la part de légende ? Quelle est la part du reconstruit ? Quelles interactions s'opèrent-elles entre légende ou histoire des origines et les stratégies nationales de patrimonialisation ? de touristification ? Du centre de la Chine au sud-est au bord du détroit de Taïwan, du continent de la Chine à la Thaïlande, Singapour, le Vietnam, la Malaisie jusqu'à l'Indonésie, et maintenant, partout dans le monde, l'histoire des migrations des Hakka reste (volontairement ou non) mystérieuse, et elle est un enjeu qui suscite des débats académiques et politiques. L'origine des Hakkas mais aussi la naissance de leur identité et la revendication de cette dernière suscitent des controverses dans la société taïwanaise contemporaine. Les Hakkas (en chinois : « les invités ») étaient des Chinois Han vivant dans le sud-est de la Chine ; ils se considéraient comme les lointains descendants d'habitants de la plaine centrale chinoise et de réfugiés originaires de la période de Song du Sud, arrivés dans les provinces du sud-est du continent de la Chine. S'il existe incontestablement une diaspora chinoise, la majorité des Hakkas résident en Thaïlande, en Malaisie, à Singapour et à Taïwan. Il y a même des Hakkas au Timor oriental qui se réfugièrent en Australie après 1975. Les Hakkas sont largement majoritaires parmi les Chinois ethniques et territoires français d'Outre-mer, avec 12 % de la population à Tahiti, par exemple. La population Hakka a été beaucoup étudiée par les chercheurs d'origine Hakka partout dans le monde, notamment en Chine et à Taïwan. Tout à bord, on se posera les questions suivantes : Comment la dénomination du « peuple hakka » a-t-elle évolué au cours du temps ? Le concept du Hakka est-il un exonyme ? Quel est l'origine de cet exonyme ; ou plutôt un ethnonyme ? A quelle époque et dans quel est-il apparu dans les littératures chinoises ? Selon l'Enquête nationale sur les populations Hakkas du Conseil des Affaires Hakkas en 2010 et 2011, on estime aujourd'hui la population hakka de Taiwan à 4,20 millions d'individus, constituant 18% de la population taïwanaise selon la définition de la loi fondamentale Hakka de Taïwan. Pour le développement de l'industrie touristique et la conservation de la langue, de la culture et des coutumes hakka, le Conseil des Affaires Hakka a listé 69 villes (villages, régions et quartiers) qui comprennent plus d'un tiers de la population Hakka et qui doivent être considérés comme les sites de culture hakka à préserver, selon l'article 6 de la loi fondamentale Hakka de Taïwan en le 25 févier 2011. Les Hakkas font partie des trois groupes ethniques principaux de la société taïwanaise ; néanmoins, ce groupe paraît invisible socialement et son histoire teintée de mystère. La question de l'identité des origines et de l'identité culturelle a toujours été un tabou dans la société taïwanaise. Troublés par les colonisations et les régimes et politiques différentes, et puis plus tard, sous le fait du régime de Chiang Kaï-chek et de son successeur, les taïwanais voient mal leur origine et pensent avoir perdu leur identité nationale et culturelle. Ils n'osent pas la penser, ni en parler depuis longtemps. Fu-chang Wang, dans son livre « L'imaginaire de l'ethnie taiwanaise dans la société taiwanaise contemporaine », indique que les groupes ethniques taïwanais sont les Mins, les Hakkas, les continentaux et les autochtones . D'après ses recherches, l'identité culturelle est suscitée par ce qu'il appelle l'imagination ethnique, mobilisée par les élites et les intellectuels politiques et académiques pour défendre leur propre l'intérêt, leur statut politique et social, et notamment, leur réputation et prestige . Les communautés hakkas de Taïwan, en effet, ne partagent pas la même religion (la croyance de Yi-min), les mêmes coutumes (les activités de culte), voire la même langue (dialectes distincts). Les Hakkas du nord et du sud, divisés par non seulement l'histoire de l'immigration, la fondation des communautés et l'apparition de dialectes différents ne partagent pas, effectivement, la même l'identité culturelle et ethnique. Malgré la fondation du Conseil des affaires de Hakka afin de réunir tous les Hakka à Taïwan pour revendiquer leur l'intérêt et des postes au Parlement au nom de la préservation de la population minoritaire, l'identité des Hakkas dans toutes les régions de Taïwan est diverse à cause de la différence de religion (Yi-min et Zhong-yi), la formation des communautés, la construction des maisons traditionnelles et les dialectes.