Poétiques féminines du conte merveilleux en contexte européen, 1690-1819
Auteur / Autrice : | Lilas Imbaud |
Direction : | Véronique Gely |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | Littératures françaises et comparée |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en littérature comparée |
Mots clés
Résumé
Bien que l'imaginaire collectif associe volontiers le conte de fées à des voix narratrices féminines, c'est à des auteurs masculins que nous rattachons le conte écrit principalement Charles Perrault et les frères Jacob et Grimm, auteurs des contes les plus ancrés dans la mémoire collective mais aussi de préfaces qui ont contribué à définir le genre. Pourtant, la mode des contes de fées qui débute en France à la fin du dix-septième siècle avant de gagner les Etats allemands est en réalité lancée par une femme, Marie-Catherine d'Aulnoy, dont « L'Île de la félicité » (récit inséré dans le roman ''Histoire d'Hypolite, comte de Duglas'', 1690) est le premier conte littéraire publié en France. À sa suite, de nombreuses autrices, tant en France qu'en Allemagne, ont écrit et publié des contes, parfois accompagnés de textes théoriques proposant une réflexion originale sur les origines et les traits caractéristiques du genre. Nombre de ces écrits connaissent un vif succès au dix-huitième siècle avant de tomber dans l'oubli au dix-neuvième. Or si les textes des conteuses françaises du tournant du dix-septième-dix-huitième siècle ont été redécouverts par la critique féministe dans les années 1980-1990 et ont depuis fait l'objet de nombreuses études, celles-ci sont restées jusque tout récemment circonscrites au contexte national. La même restriction s'observe en Allemagne, où les études sur les conteuses sont, de plus, plus tardives et bien moins nombreuses. Il s'agira dans cette thèse d'étudier les poétiques du conte proposées par des femmes au moment de la naissance du genre en débordant ce cadre national. Je dresserai tout d'abord un inventaire des nombreux contes écrits par des femmes en France et dans les Etats allemands, mais aussi dans les Îles Britanniques et éventuellement dans les Etats italiens, ères géographiques où la production de contes est moins importante mais qui n'en ont pas moins joué un rôle dans la genèse du genre du conte merveilleux, entre 1690, année de parution de « L'Île de la félicité », et 1819, année où meurt Benedikte Naubert, une des conteuses allemandes les plus prolifiques et reconnues, et où le contenu des ''Kinder- und Hausmärchen'' des frères Grimm commence à se stabiliser (2e édition). Je proposerai ensuite une étude comparative de ces contes, afin de mettre à l'examen l'hypothèse d'une spécificité de l'écriture du conte par des femmes d'une part, et de l'autre d'établir une typologie des différentes poétiques qu'elles proposent, en tenant compte notamment de leur contexte d'écriture, et en me demandant en particulier comment ces textes se mettent en scène comme contes.