Habiter les spatialités antispécistes : politiques multiespèces de résistances à l'abattoir entre lieux d'affrontement et espaces sanctuaires
Auteur / Autrice : | Julie Coumau |
Direction : | Louis Dupont |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Géographie politique, économique, sociale et culturelle |
Date : | Inscription en doctorat le 01/07/2017 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | Géographie de Paris |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : MÉDIATIONS Sciences des lieux, sciences des liens |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse soutient un positionnement ancré dans les Critical Animal Studies et les épistémologies féministes et décoloniales. La production de ce travail de recherche se situe dans les espaces interstitiels d'une partie choisie de la lutte antispéciste radicale en France. L'approche matérialiste et géographique permet ici d'appréhender le spécisme, définit comme système d'exploitation et de domination des animaux, en analysant les dynamiques économiques, sociales et territoriales de l'expansion-globalisation de l'abattoir. Appréhendé comme enjeu politique, le spécisme se dévoile comme outil d'accumulation du capital et comme un instrument d'infériorisation par animalisation. Outil de domination transespèces, le spécisme fait de la condition animale une question politique au-delà de l'éthique. La réflexion théorique s'accompagne d'un travail de terrain conduit au sein de formes de résistance antispéciste. L'antispécisme radical s'incarne dans différents modes de contestation dont les stratégies spatiales visent l'émergence d'un rapport de force avec les acteurs majeurs du spécisme, du blocage d'abattoirs aux libérations d'animaux. Ce travail, qui découle d'une auto-ethnographie menée au sein de ces collectifs et associations, a ainsi été produit depuis ces lieux de l'affrontement dans les abattoirs et dans ceux de l'habiter au sanctuaire. Le terrain du sanctuaire devenu lieu de vie transforme l'expérience de la recherche en méthodologie immersive ou absorbante. Les sanctuaires représentent des espaces clés de la lutte antispéciste en produisant des archipels dans lesquels les animaux gagnent en liberté, en autonomie en prenant possession de leurs corps et par l'octroi d'espaces de vie et de soins. La thèse interroge la capacité du care radical à « faire espace » de l'échelle des corps à celle du lieu de vie. Si le soin apporté par les bénévoles humains est essentiel pour ces individu.e.s rendu.e.s vulnérables par l'économie spéciste, il s'agit ici de décentrer le regard pour analyser les dispositifs de soin déployés par les animaux entre elles et eux. Le travail de thèse vise ainsi à comprendre comment un mouvement politique forge son espace, puis comment cet espace agit sur l'organisation collective, sur les relations et sur les émotions de ces groupes multiespèces.