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Thèse en cours

Damas oscuras, néogothique et subjectivités monstrueuses : une vision transatlantique de l'horreur contemporaine (2008-2021)

FR
Auteur / Autrice : Claire Charrier
Direction : Sergio Coto rivel
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Langues, littératures et civilisations romanes (espagnol, italien, portugais)
Date : Inscription en doctorat le 17/10/2022
Etablissement(s) : Nantes Université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Art, Lettres, Langues (Le Mans)

Résumé

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Dans la sphère hispanique, ce début de XXIe siècle a vu l'essor de nouvelles plumes féminines se reposant manifestement sur l'héritage de la littérature gothique du XVIIIe siècle pour créer des fictions inédites. Ce projet de thèse intitulé « Damas oscuras, néogothique et subjectivités monstrueuses : une vision transatlantique de l’horreur contemporaine (2002-2024) », s’intéresse à la construction du monstre et de l’horreur dans ces fictions ultracontemporaines dans une perspective transatlantique. L'analyse sera réalisée à partir de nouvelles choisies de huit Damas oscuras contemporaines provenant de trois pays hispanophones : Mariana Enríquez et Samanta Schweblin (Argentine), Ana Martínez Castillo, Gemma Solsona Asensio et Alicia Sánchez Martínez (Espagne) et Mónica Ojeda, María Fernanda Ampuero et Solange Rodríguez Pappe (Équateur). La méthodologie employée puisera premièrement dans les théories littéraires autour des genres fantastique et gothique. Par ailleurs, au vu des liens particuliers entre femmes et monstres dans ces fictions et de leurs construction et évolution souvent parallèles, seront également mises à profit les références philosophiques liées au posthumanisme ou encore à la construction des subjectivités (Braidotti, Haraway, Preciado, Foucault, Deleuze). En effet, la propension des personnages féminins à se lier aux monstres, tantôt en en faisant leurs alliés, tantôt en en devenant un elles-mêmes, laisse possiblement entrevoir de nouveaux positionnements des sujets féminins face à l’horreur qui les guette, une horreur systémique planant sur leur quotidien. En somme, je chercherai à montrer à quoi répond et comment se construit la prolifération des monstres dans les écrits des Damas oscuras en émettant l’hypothèse que ce réinvestissement du monstrueux et de ses avatars consiste en une réponse aux violences toujours exercées sur les femmes au XXIe siècle. Il ne s’agit pas seulement de récupérations positives des monstres dans une perspective d’empouvoirement mais plutôt d’en dépeindre un portrait nuancé menant à l’élaboration de représentations de personnages complexes dont le caractère en partie monstrueux peut, ou non, être récupéré de manière positive. Dans une première partie, je m’attacherai à exposer les cadres littéraires, historiques et théoriques qui guideront les analyses ultérieures, replaçant l’œuvre des autrices dans un contexte de circulation du monstre dans un marché éditorial globalisé. S’ensuivra une identification des panoramas littéraires et extralittéraires dans lesquels surviennent ces réapparitions du monstre et du monstrueux. J’y exposerai les définitions fondamentales concernant les littératures de l’obscurité, lieu littéraire d’apparition du monstre dans lequel règne l’horreur. Je me pencherai plus particulièrement sur les réappropriations du gothique chez les Damas oscuras et j’interrogerai la pertinence des distinctions régulièrement effectuées entre les nombreux gothiques régionaux qui semblent les caractériser. Enfin, j’introduirai la grille de lecture que j’adopterai dans la suite du travail. Il s’agira d’une grille de lecture « monstrueuse » définie à partir de différentes théories issues notamment de la littérature (Roas) et de la philosophie (Foucault, Deleuze, Haraway, Braidotti, Preciado) dans une démarche interdisciplinaire ayant trait aux études culturelles La deuxième partie s’attachera à des questions d’énonciation et proposera une analyse de ce que nous disent ces monstres sur l’horreur vécue en détachant le discours des monstres victimes de celui des monstres bourreaux. La troisième et dernière partie sera consacrée à l’analyse de la construction des monstres et de leurs relations au sein de ces fictions. Le corps monstrueux y sera tantôt vu comme un lieu de soumission et de disciplinement, tantôt comme un lieu d’émancipation. Je chercherai ensuite à montrer que trois types de relations possibles émergent entre les différents monstres qui peuplent ces fictions — domestication, apprivoisement, apparentement. Pour finir, je m’intéresserai à l’introduction de l’humour dans l’horreur de ces fictions. Je montrerai que le mélange humour/horreur permet la déchéance de certains monstres qui deviennent pathétiques au profit d’autres monstres, récupérés de manière positive.