Transitions de phase et formation damyloïdes par les protéines V et W des virus Nipah et Hendra
Auteur / Autrice : | Giulia Pesce |
Direction : | Sonia Longhi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie-Santé: Biochimie structurale |
Date : | Soutenance en 2023 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Sciences de la Vie et de la Santé (Marseille) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : AFMB - Architecture et Fonction des Macromolécules Biologiques |
Jury : | Président / Présidente : Marianne Ilbert |
Examinateurs / Examinatrices : Sonia Longhi, Salvador Ventura, Stefano Ricagno, Cyrille Mathieu, Frédéric Iseni, Stefania Brocca | |
Rapporteur / Rapporteuse : Salvador Ventura, Stefano Ricagno |
Mots clés
Résumé
Les virus Nipah (NiV) et Hendra (HeV) sont des pathogènes humains sévères appartenant au genre Henipavirus dans la famille des Paramyxoviridae. Au-delà de la protéine P, le gène P code également pour les protéines V et W qui partagent avec P leur domaine N-terminal intrinsèquement désordonné (NTD) et possèdent des domaines C-terminaux distincts (CTD). Les protéines V et W sont des acteurs clés dans l'évasion de la réponse immunitaire innée de l'hôte. Cette thèse porte sur les protéines V et W des Henipavirus et sur leurs domaines. La découverte que la protéine V du HeV subit une transition liquide-gel a servi de base à ce travail. Cette observation initiale a conduit à l'identification de la région PNT3 au sein du NTD de V en tant que région responsable de ce comportement. PNT3 sest aussi avérée capable de former des fibrilles de type amyloïde in vitro, et un motif amyloïdogène critique contenant trois tyrosines consécutives (EYYY) a été identifié. Des expériences de coloration au Rouge Congo de cellules de mammifères transfectées pour exprimer V ou PNT3, ou infectées par HeV, ont suggéré que ces fibrilles pouvaient également se former dans un contexte cellulaire, suggérant un possible rôle dans la pathogenèse du HeV. Après avoir validé et étendu ces données préliminaires, nous avons étudié les déterminants moléculaires de la fibrillation de PNT3, en nous focalisant sur la contribution de chacune des trois tyrosines du motif amyloïdogène. En utilisant la mutagenèse dirigée, nous avons montré que chaque tyrosine a un impact significatif sur l'élongation des fibres. De plus, nous avons montré que la moitié C-terminale de PNT3 en empêche la fibrillation. Enfin, nous avons montré que la PNT3 du NiV forme également des fibrilles in vitro, bien que moins efficacement que celle du HeV. Nous avons ensuite utilisé la résonance paramagnétique électronique en marquage de spin pour étudier plus en détail les mécanismes de fibrillation de PNT3. Ces études ont révélé la persistance d'un haut degré de flexibilité au sein des fibrilles de PNT3 et l'absence de transition désordre-ordre. Ces résultats suggèrent que les fibrilles de PNT3 présentent une structure flexible et hétérogène, rappelant d'autres amyloïdes caractérisées par un « fuzzy coat » composé de régions désordonnées entourant un « core » fibrillaire central. Nous avons ensuite étendu nos recherches aux protéines W des Henipavirus, et avons montré quelles sont intrinsèquement désordonnées et capables de former des structures de type amyloïde tant in vitro que dans les cellules. En effet, des études par microscopie confocale et ultramicrotomie de cellules transfectées et exprimant la W du HeV ont révélé des macrostructures fibrillaires dans le noyau de ces cellules, soulignant l'importance potentielle de la fibrillation dans l'infection par l'Henipavirus. En combinant diverses approches biochimiques et biophysiques, nous avons montré que le CTD des protéines W est intrinsèquement désordonné et capable d'interagir avec le NTD, entrainant une transition désordre-ordre dans lNTD et influençant positivement les capacités de fibrillation de ce dernier. Enfin, nous avons étendu ces études à un autre membre de la famille des Paramyxoviridae, le virus de la rougeole (MeV). Nos résultats ont révélé que si le NTD du MeV peut former des fibrilles, il le fait moins efficacement que les protéines des Henipavirus, suggérant la nécessité d'éléments supplémentaires pour promouvoir la fibrillation. Dans l'ensemble, cette thèse améliore notre compréhension des protéines V et W des Henipavirus et de leurs mécanismes de fibrillation, ouvrant de nouvelles voies de recherche visant à élucider l'importance fonctionnelle du processus de fibrillation chez les Paramyxoviridae.