Thèse en cours

Ecrire le terrorisme : poétique de l'excès chez Don DeLillo, Philip Roth et Bret Easton Ellis

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Auteur / Autrice : Etienne Roy
Direction : Marie-Agnès Gay
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Langues, littératures et civilisations du monde anglophone
Date : Inscription en doctorat le 01/11/2023
Etablissement(s) : Lyon 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....)

Résumé

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La majeure partie de la littérature américaine qui porte sur le terrorisme fait partie de la fiction post-11 septembre, souvent caractérisée par une esthétique de la réserve et de la retenue. Cette thèse vise à étudier des romans américains de la fin du XXème siècle qui portent sur le terrorisme sans pour autant s’inscrire dans le contexte de la fiction du 11 septembre : Players (1977) et Mao II (1991) de Don DeLillo, American Pastoral (1997) de Philip Roth, et Glamorama (1998) de Bret Easton Ellis. Notre corpus s’articule autour d’une dynamique de l’excès qui régit toute l’écriture. En effet, le geste terroriste est par nature excessif, puisqu’il excède la rationalité et la conceptualisation. Son excès se reflète alors dans l’écriture de cette violence particulière qu’est la violence terroriste. Nous argumenterons qu’à l’instar du phénomène terroriste, l’écriture du terrorisme est une écriture hors-normes qui vient comme une réponse à l’attentat, ce dernier repoussant les limites de la violence. De fait, étymologiquement, l’excès consiste en un écart, une sortie des normes et des limites. C’est pourquoi l’excès amène les romanciers à s’aventurer sur le terrain de la marge et à explorer différents types de limites. Face à la crise du langage, de la représentation et de l’interprétation qu’engendre le terrorisme, la poétique de l’excès est précisément ce qui permet aux romanciers d’aller au-delà de la violence indicible qui caractérise bien souvent l’acte terroriste. En cela, loin d’être stérile, l’écriture de l’excès et l’ex-centricité qu’elle engage deviennent source de sens à travers l’exploration de nouveaux espaces littéraires, définis par leur caractère interstitiel et marginal. Cette écriture confronte le lecteur à l’obscène, la transgression, ou encore la déterritorialisation. Tout cela nourrit une intensité de l’écriture au travers d’un extrémisme esthétique. Pour autant, le débordement caractéristique de l’écriture de l’excès n’est pas seulement un mouvement vers un trop-plein d’informations. Au contraire, l’écriture de l’excès, c’est aussi la part d’ombre de la littérature : en franchissant certaines limites, le roman bascule dans le champ du secret, du mystère, du paradoxe, de l’inconnu. Nous chercherons donc à démontrer que cette forme de clair-obscur et d’hybridité de l’écriture est à la source du sentiment de terreur qui émane du corpus à l’étude.