L'ennui comme joyeuse construction de soi. Pour une approche sociocritique des formes modernes d'ennui
Auteur / Autrice : | Marie Gausseron |
Direction : | Alexandre Dupeyrix |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Études germaniques |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2019 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | Civilisations, cultures, littératures et sociétés |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sorbonne - Identités, relations internationales et civilisations de l'Europe |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Notre intention est d'établir une définition non-pathologique des formes modernes d'ennui en se désolidarisant de la philosophie métaphysique qui a érigé l'ennui au rang de concept et plus précisément de maladie de l'âme, propre à l'homme et dont le langage ne dirait pas autre chose que l'ennui comme vide, angoisse, absence. Nous défendons une conception qui s'attache à l'expérience vécue et interprétée à travers les modes de constructions de nos représentations d'individus modernes et héritiers d'une lecture à charge de l'ennui. Aussi, nous tentons d'inscrire nos recherches dans la tradition des penseurs de l'Ecole de Francfort et cherchons à analyser les mécanismes de construction d'une conception exclusivement pathologique de l'ennui au profit d'une approche alternative. Celle-ci consiste à penser un ennui comme non exclusivement réduit à un horizon temporel mais comme expériences spatialisées et, de ce fait, plurielles. Notre souhait est de penser un ennui habitable, lieu d'une joyeuse construction de soi. Nous considérons en effet, que l'ennui est une expérience spatialisée de la rencontre du je avec lui-même. Cette rencontre n'est pas nécessairement l'expérience d'un moindre être privé temporairement d'un rapport au temps - mais peut être au contraire une coïncidence authentique voire joyeuse de soi avec soi-même. Les formes modernes d'ennui sont multiples et l'ennui au bureau n'est pas le même que l'ennui à un diner de famille ou dans un train. Au-delà de sa pluralité qu'il s'agira d'identifier, l'ennui peut même être vécu comme un émerveillement au sens où Hartmut Rosa définit la rencontre avec l'indisponible. Je ne peux pas l'anticiper, je ne peux pas le provoquer, je ne peux pas le conserver, il m'est simplement donné d'en faire l'expérience. L'ennui est cette expérience extrêmement singulière dont je suis à la fois l'auteur, le sujet et l'objet et qui se passe de l'altérité. Il nous semble que l'ennui a été assigné à des représentations péjoratives et négatives précisément parce que c'est une expérience purement subjective. Notre travail a une double ambition : réhabiliter l'ennui en le délivrant des discours du vide et du manque ; d'autre part, établir l'ennui moderne comme oasis, c'est-à-dire comme source fertile de construction de soi.