Optimiser l'accès aux défibrillateurs automatisés externes dans l'arrêt cardiaque extrahospitalier non traumatique de l'adulte par l'utilisation de véhicules aériens sans pilotes (drones).
Auteur / Autrice : | Fadi Minka |
Direction : | Matthieu Heidet, Sami Souihi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Mathématiques |
Date : | Inscription en doctorat le 01/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Mathématiques, Sciences et Technologies de l'Information et de la Communication (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LISSI - Laboratoire Images, Signaux et Systèmes Intelligents |
Mots clés
Résumé
Introduction : L'arrêt cardiaque extrahospitalier (ACEH) est un problème majeur de santé publique. Il touche 46 000 personnes par an en France, avec un pronostic sombre (5% de survie). Les premières minutes de prise en charge de l'arrêt cardiaque sont cruciales. Trois facteurs pronostics clefs influencent le pronostic des patients : le délai d'arrivée des secours sur le site de l'arrêt cardiaque, le délai d'initiation de la réanimation cardiopulmonaire (RCP) et l'accessibilité au DAE. On estime que chaque minute de retard à la RCP augmente la mortalité entre 7 et 10% ; et que chaque minute de retard à la défibrillation diminue de 9% la survie avec un bon pronostic neurologique. Or, l'ACEH ne survient devant un témoin que dans 50% des cas, ne bénéficie de gestes de réanimation par un témoin que dans un tiers des cas, et de l'utilisation d'un défibrillateur automatisé externe (DAE) dans seulement 4% des cas. Pourtant, en cas de rythme choquable, on estime à 30% la survie des arrêts cardiaques si la défibrillation est effectuée avant l'arrivée des secours. Ce taux de survie pourrait atteindre 70% si la défibrillation était effectuée par un témoin ayant accès à un défibrillateur. En France, le délai moyen d'arrivée des secours en région urbaine est de 10 minutes (et de 6 minutes au Canada). Ce délai s'allonge quand il s'agit de rejoindre des territoires à faible densité de population (ruraux), difficile d'accès, ou défavorisés, ce qui impacte négativement la survie. Une solution que nous souhaitons étudier serait la livraison des DAE par des drones pour réduire le délai du 1er choc électrique externe. Les drones ont en effet l'avantage d'être plus rapides que les moyens terrestres conventionnels (ambulances). Des modèles de simulation suggèrent que la livraison des DAE par drones pourrait contribuer à la réduction des inégalités territoriales d'accès aux soins urgents et de survie après un ACEH. Il n'existe cependant aucune étude visant à évaluer les stratégies optimales de couverture territoriale par les drones livreurs de DAE sur de larges territoires (à l'échelle régionale ou supra-régionale) en France. L'objectif de notre étude est donc de proposer un modèle d'optimisation d'une flotte de drones livreurs de DAE dans l'ACEH en Ile-de-France et en Colombie Britannique (Canada), et d'évaluer 1) son intérêt sur la réduction des délais de réponse dans l'ACEH et 2) son intérêt potentiel sur les chances de survie avec un bon pronostic neurologique. Matériels et Méthodes : Design Nous allons effectuer une étude observationnelle, de cohorte, multicentrique, et rétrospective. La population ciblée par cette étude sera celle du registre national des arrêts cardiaques en France (ReAC) et au Canada (ReACanROC). Les critères d'inclusion seront : âge ≥ 18 ans, ACEH, cause non traumatique Objectifs L'objectif principal de cette étude sera de comparer les délais de réponses historiques (ambulances terrestres) aux délais de réponse simulés par l'implémentation de drones. Le critère de jugement principal sera le délai d'arrivée sur les lieux d'intervention (ambulances vs. drones). Données et méthodes Les données seront recueillies à partir du registre national des arrêts cardiaques en France (ReAC) et au Canada (ReACanROC) pendant la période de l'étude : février 2011 à février 2023. Les variables d'intérêt pour cette étude seront celles relatives aux caractéristiques du patient et de l'arrêt cardiaque, de la prise en charge de l'arrêt cardiaque, du pronostic (Récupération d'une activité cardiaque spontanée, survie à J30, statut neurologique à J30), des caractéristiques géographies (Ilots regroupés pour l'information statistique = urbain ou rural) et socio-économiques (version française de l'index de déprivation en 5 catégories, du plus favorisé au moins favorisé). Pour construire notre modèle de simulation, nous modéliserons les configurations optimales de flottes de drones sur les territoires étudiés. Ensuite, nous estimerons les délais d'arrivée puis l'heure du 1er choc électrique externe (CEE). Enfin, nous analyserons le pronostic de l'arrêt cardiaque en fonction du délai théorique de la défibrillation. Les variables quantitatives seront exprimées en moyennes et médianes. Les variables qualitatives en nombres et pourcentages. Les tests de comparaison utilisés pour les variables quantitatives seront les tests de student ou de wilcoxon ; et pour les variables qualitatives les tests du Xhi-2 ou Exact de Fisher. L'analyse des délais de réponse se fera par régression linéaire. Les délais de réponse seront tous ajustés en fonction du temps de trajet théorique pour atteindre le site de l'arrêt cardiaque. L'analyse des variables relatives au pronostic de l'arrêt cardiaque se fera par régression logistique. Les analyses seront univariées puis multivariées avec des effets mixtes portant sur le département d'intervention. Toutes les analyses seront effectuées à l'aide du logiciel R-Studio.