Quelles perspectives curriculaires intégrant le concept de Terre nourricière ? Modalités d'élaboration et de transmission des savoirs et enjeux des politiques éducatives.
Auteur / Autrice : | Anne-Françoise Gibert |
Direction : | Jean-Marc Lange, Angela Barthes |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences de l'Éducation |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LIRDEF - Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique, Education et Formation |
Mots clés
Résumé
Face aux enjeux climatiques, de perte de biodiversité, de dégradation d'écosystèmes, de disparition des exploitations agricoles, les sociétés doivent urgemment relever des défis environnementaux et sociaux. Comment les systèmes d'éducation vont-ils pouvoir accompagner cette nécessaire évolution ? La place des récits et des savoirs autochtones peut-elle contribuer à un changement de paradigme dans l'éducation à la durabilité ? Les deux dernières éditions de la journée internationale de la terre ont pour dénomination la journée de la terre nourricière. Comment ce concept de « terre nourricière » a-t-il émergé dans le vocabulaire onusien ? Peut-on le mettre en lien avec la Pacha mama des Amérindiens, dans la mesure où la traduction de terre nourricière est « mother earth » ? A quels savoirs se réfère-t-il ? Peut-il être mobilisé dans l'éducation pour conduire les « changements transformateurs » qu'appelle l'IPBES ? Le foisonnement des initiatives visant à reconnecter l'école à la nature est-il une voie pour restaurer ces liens ? En articulation avec quels programmes et quels curricula ? avec quels territoires nourriciers ? Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'agriculture française se voit sommée de « fournir à bas prix de quoi nourrir la population », la logique productiviste est marquée par un recours important aux intrants de synthèse et à la mécanisation. Ce modèle a dégradé les écosystèmes et entrainé une coupure des agriculteurs avec l'environnement. Ainsi, les pratiques sociales de référence des formations agricoles deviennent des savoirs technoscientifiques standardisés. A cet égard, le sol est un substrat. De plus, la rurbalisation, qui a installé des villes à la campagne, a grignoté les sols agricoles et les a artificialisés. Or le lien a la terre génère convivialités et utopies sociales, comme on peut l'observer actuellement dans les jardins partagés. Quel rapport à la terre les enfants et les jeunes de nos sociétés peuvent-ils nouer aujourd'hui ? Quelles sont les terres accessibles aux élèves en France dans leur quotidien ? On assiste sur tout le territoire à une explosion des chantiers de renaturation de cour d'école, est-ce que ces cours peuvent permettre aux élèves de se reconnecter à la terre ? Les éducations des peuples premiers interrogent nos pratiques scolaires. Dans l'éducation indigène, l'apprentissage est un processus de longue durée dont les bases sont posées lors des premières années. Il s'accomplit en interaction respectueuse avec les autres, la communauté et le monde, considérés comme une même entité. A cet égard, l'éco-formation, basée sur l'expérience sensible, l'émotionnel et l'imaginaire est en résonance avec ces éducations: l'être se construit en relation à un lieu qu'il peut lui aussi transformer avec d'autres acteurs et actrices d'un territoire. Elle procède d'un double mouvement entre immersion dans les milieux et réflexivité sur cette immersion. Le plan « Enseigner à produire autrement » a introduit l'approche agroécologique. Inscrit dans la loi d'avenir pour l'agriculture, l'agroalimentaire et la forêt, il devient le vecteur d'une nouvelle politique agricole, caractérisée par des transformations à plusieurs niveaux : produire avec le vivant, intégrer les ressources naturelles, et faire du territoire un espace de vie. Il s'agit de transformer le système de formation pour répondre à une double demande de production et d'adaptation aux changements climatiques, de préparer les futurs professionnels à d'autres façons de faire, pour un monde en changement. Nedelec (2018), s'interrogeant sur la façon dont « les enseignantes appréhendent les incertitudes de la question vive de la transition agroécologique », distingue trois phases historiques pour la construction de l'agroécologie. - la première est basée sur l'économie d'intrants, le recyclage, le sol et les synergies biologiques - la seconde est axée sur la résilience, l'agrobiodiversité - la dernière introduit des principes socioéconomiques de capacité collective et de pluralité des savoirs Ces trois composantes de l'agroécologie historique combinent plusieurs dimensions : scientifique, sociale, politique et éthique qui se rejoignent dans l'idée d'une alternative agricole. Comment l'intégrer dans le curriculum général ? Enfin comment le concept émergent de plurivers peut-il être mobilisé dans l'éducation ? Ce concept remet en cause l'idéologie développementiste s'appuie sur Buen Vivir et ontologies relationnelles qui fondent les cosmovisions traditionnelles du Sud ; et le design ontologique au Nord. Il vise à construire un monde concret différent, écologiquement sage et socialement juste.