L'approche plurilingue dans l'apprentissage des langues
Auteur / Autrice : | Isabel Soyka |
Direction : | Thérèse Robin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Langues et littératures étrangères |
Date : | Inscription en doctorat le 01/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Cultures et Sociétés |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : IMAGER - Institut des mondes anglophones, germanique et roman |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Depuis trois ans, j'enseigne l'allemand comme langue étrangère en France. Auparavant, j'ai enseigné le français et le néerlandais en Allemagne pendant plusieurs années. Cette comparaison directe entre deux systèmes scolaires différents et d'autres approches en didactique des langues étrangères m'a permis de constater quelques points communs, mais aussi de nombreuses différences. L'une des plus grandes différences est sans doute l'existence de la classe bilangue en France, qui commence à partir de la 6ème. Cette approche permet aux élèves d'apprendre l'anglais et l'allemand en même temps. D'un point de vue linguistique cette manière d'enseigner et d'apprendre deux langues étrangères très proches est très intéressante car elle prend en compte la parenté linguistique de ces deux langues et le plurilinguisme. De plus, les enseignants se retrouvent très souvent devant un public plurilingue. Le plurilinguisme peut prendre plusieurs formes. Ainsi, il peut être vu dans une perspective individuelle, c'est-à-dire qu'il s'agit de la capacité d'un locuteur à interagir dans plusieurs langues, ou d'une perspective collective/institutionnelle, dans laquelle plusieurs variétés linguistiques coexistent dans une institution, une société ou, en général, un « collectif ». Ces deux perspectives sont pour les élèves une « réalité ». En Allemagne, le français est désormais considéré comme une langue difficile. En France, c'est le cas de l'allemand. L'allemand serait une langue difficile avec ses déclinaisons, le verbe pose problème, etc. et l'allemand serait trop éloigné du français. En même temps, on souligne souvent la facilité de l'anglais en comparaison. On oublie souvent que l'anglais et l'allemand sont des langues germaniques, tout comme le fait que l'apprentissage simultané de ces deux langues présente des avantages. Si l'on souligne que l'allemand n'a guère de points communs avec le français et que l'anglais, par exemple, a une grande partie de son vocabulaire en commun avec le français, on devrait aussi se demander si ce n'est pas justement l'apprentissage de l'allemand qui permet de mieux comprendre le français. Dans ce contexte, les erreurs d'interférence entre l'anglais et l'allemand sont toujours mentionnées. La construction de ces clichés linguistiques peut être surmontée par une approche plurilingue, grâce à laquelle les élèves prennent conscience de la parenté linguistique des langues indo-européennes (mais aussi d'autres langues). Mon approche de la recherche englobe à la fois la linguistique et la didactique et il s'agit d'une approche plurilingue et contrastive. Cette approche plurilingue présente de grands avantages, notamment dans la didactique des langues étrangères, pour faciliter l'apprentissage d'autres langues et/ou motiver les apprenants. J'ai l'intention d'aborder dans un premier temps l'apprentissage d'un point de vue linguistique, dans la perspective du plurilinguisme. Il s'agit d'abord de considérer cet apprentissage d'un point de vue cognitif, afin de montrer quels sont les avantages de l'apprentissage simultané de deux langues apparentées et de voir si les erreurs d'interférence constituent un obstacle à cet égard. En ce qui concerne le dispositif de la classe bilangue, le facteur de l'âge est décisif. L'âge peut être un avantage pour l'apprentissage simultané de deux langues. L'objectif n'est pas la maitrise parfaite de deux langues, mais d'établir une certaine attitude envers les deux langues et de contribuer à la conscience linguistique (language awareness). Dans un deuxième temps, nous examinerons la parenté du français et de l'allemand sur le plan phonétique, grammatical, lexical et pragmatique, car on peut supposer que les élèves qui apprennent l'allemand à partir de la 6ème ont cette langue comme langue de départ commune. Ensuite, les points communs entre l'anglais et l'allemand seront mis en évidence, également à différents niveaux. Il ne suffit pas de se limiter à quelques similitudes lexicales et grammaticales, j'envisage de faire une analyse linguistique très détaillée pour établir un inventaire complet qui facilite l'apprentissage de ces deux langues en classe bilangue. Car la volonté pour enseigner l'allemand et l'anglais simultanément est présente, mais on pourra rendre l'enseignement et l'apprentissage encore plus efficaces en prenant en compte le plurilinguisme. L'approche de l'eurocompréhension, c'est-à-dire l'intercompréhension entre les trois groupes linguistiques européens, serait déterminante à cet égard. Cette approche contrastive, la comparaison entre l'anglais et l'allemand, intègre aussi bien l'évolution historique de l'allemand et de l'anglais que la tendance actuelle des anglicismes en allemand et des nombreux mots empruntés ou néologismes basés sur l'anglais. La linguistique diachronique, mais aussi synchronique contribue à enrichir l'apprentissage en classe bilangue. Les connaissances linguistiques doivent être appliquées à la didactique et donc à la pratique de l'enseignement des langues. Certes, l'analyse contrastive entre le français et l'allemand ainsi qu'entre l'allemand et l'anglais est importante pour développer des approches plurilingues en cours de langues vivantes, mais il ne faut pas se contenter de cette analyse pour bien intégrer le plurilinguisme dans la pratique enseignante. Les élèves ont en effet très souvent un profil plurilingue. Je m'intéresserai aussi à proposer des pistes pour établir un lien linguistique avec les langues « maternelles » présentes en Ile-de-France. Pour cette recherche je mènerai plusieurs enquêtes sur le terrain, c'est-à-dire en classe bilingue. Les élèves comparent déjà l'allemand à leur/leurs langue(s) maternelles. Il faut aussi s'interroger sur le terme langue « maternelle ».