Où veux-tu mourir ? Du sujet mourant au cadavre, le prendre soin jusqu'au bout
Auteur / Autrice : | Constance Moreal de brevans |
Direction : | Ghislaine Gallenga |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Anthropologie |
Date : | Inscription en doctorat le 09/01/2024 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Espaces, Cultures, Sociétés (Aix-en-Provence) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : IDEAS - Institut d'Ethnologie et d'Anthropologie Sociale |
Mots clés
Résumé
Avec l'organisation d'une Convention citoyenne sur la fin de vie (rapport final avril 2023), et un projet de loi en construction (début 2024) pour une dépénalisation de l'euthanasie et la mise en place d'un suicide assisté sous conditions, les soins palliatifs se trouvent au cur des débats sociaux et particulièrement au sein des branches professionnelles de la santé. Avec une réorganisation de l'offre de soin en prévision, ma thèse interroge les politiques publiques de gestion de la maladie grave et incurable et de la fin de vie sur le territoire français. Elle interroge comment des représentations de la fin de vie et de la mort déterminent des décisions en matière de parcours de soins, et comment le statut de soins palliatifs inscrit les patients dans un système de représentations influençant leur prise en charge. Ma thèse porte sur la prise en charge des mourants au sein de l'institution hospitalière française. Elle s'intéresse à la pluralité de forme et de temporalité des soins palliatifs, notamment au travers de l'étude d'un hôpital de jour dédié à cette spécialité. Grâce à une ethnographie multi-située (Marcus 1995) au sein de l'hôpital et à l'extérieur par le biais des réseaux de professionnels collaborant au parcours de soins des patients, ma thèse porte son regard sur la question du choix en matière de prise en charge palliative aujourd'hui en France, et donc du choix du lieu de décès. En exposant différents niveaux d'analyse des pratiques et des discours relatifs à la fin de vie, ma recherche réinterroge les représentations de la maladie grave et de la mort des patients ayant déterminées leurs choix de parcours de soin. Comment les professionnels de santé reçoivent ces volontés et prennent des décisions pour tenter de s'y accorder ? Dans un premier temps, je m'intéresse à la ritualisation du mourir. Le recrutement des patients et leur entrée dans le palliatif, ainsi que la temporalité, sont étendus dans ce cadre spécifique du suivi des patients en hôpital de jour et à domicile. Les espaces aux cadres poreux dans lesquels évolue la temporalité sont au cur de cet axe portant sur le déroulement des trajectoires de soin. Comment le patient et ses proches vivent-ils cette nouvelle construction du temps entre incertitude et volonté de figer un temps présent ? Dans un deuxième temps, je m'intéresse à l'imaginaire et la culture professionnelle nommée la « culture palliative » par les soignants, au rôle que joue la structure de l'hôpital de jour et ses spécificités dans l'accompagnement des patients et leurs proches. Dans ce contexte, un travail sur la coordination et la collaboration entre professionnels de santé est essentielle. Se pose aussi la question de la manière et du moment où les soignants instituent la bascule entre travail palliatif et travail thanatique. Dans un troisième temps, je m'intéresse à la validation par le biais des défunts de l'accompagnement réalisé. La notion de deuil sera traitée ainsi que la relation entre les patients, leurs proches et les soignants. Je m'intéresse aussi à la mémoire des malades ayant été pris en charge par le passé comme autant d'aide à la construction d'un discours et de pratiques servant les patients actuels et à venir. Le hiatus possible entre l'expérience vécue des trajectoires de soins et l'expérience réelle dans l'évaluation de la qualité des soins et de l'accompagnement sera analysé. Outre l'intérêt scientifique d'ethnographier les soins palliatifs en hôpital de jour et ainsi renouveler nos connaissances anthropologiques sur le sujet, ma recherche identifiera les ressources nécessaires à l'institution de prise en charge précoces et adaptées à chaque situation de fin de vie. Les résultats de ma thèse serviront à construire des actions en coordination avec les acteurs du terrain afin d'améliorer les protocoles existants.