La protection du patrimoine culturel camerounais à l'épreuve des coutumes locales du 19e au 21e siècles
Auteur / Autrice : | Jorel Abengmoni essomba |
Direction : | Claire Bouglé-Le Roux, Blaise Alfred Ngando |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire du Droit et des Institutions |
Date : | Inscription en doctorat le 30/09/2023 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay en cotutelle avec Université de Yaoundé II |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit, économie, management (Sceaux, Hauts-de-Seine ; 2020-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : DANTE - Laboratoire de Droit des Affaires et Nouvelles Technologies |
référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....) |
Mots clés
Résumé
La question récente des restitutions des oeuvres d'art d'Afrique suscite aujourd'hui des interrogations cruciales sur l'existence et la mise en oeuvre d'un socle de règles propices sur le sol africain à la conservation du patrimoine culturel, constitué de biens matériels comme immatériels. L'émergence d'un marché de l'art africain aujourd'hui très dynamique, l'essor des structures muséales propices à l'exposition et à la conservation, de même que la circulation active des pièces du patrimoine bouleversent considérablement un état des lieux du sujet et poussent à multiplier les approches. La nature spécifique de certains objets, dépositaires d'une tradition obligent plus que jamais à s'en emparer sous l'angle du renouvellement de leur statut. Le contentieux historique autour du 'Tangué' de la chefferie des 'Bèllè Bellè' est très illustratif de cette problématique. Le 22 décembre 1884, le Consul intérimaire Max Buchner s'était approprié le Tangué du palais du chef Lock Priso juste avant le bombardement de celui-ci et l'occupation militaire de Hickory Town (Bonabéri) ; une fois devenu conservateur du Musée ethnographique de Munich, de 1888 à 1907 - rebaptisé Musée des cinq continents, Buchner exposera la pièce à Munich en dépit des revendications qui pèsent sur elles. Depuis 2016, la demande de retour des héritiers de la chefferie des 'Bèllè Bèllè', prend une dimension symbolique et a conduit une délégation à ouvrir des discussions avec les autorités allemandes compétentes, inaugurant une image nouvelle de dialogue, de compréhension et de coopération. L'objet sacré en bois forgé, porteur d'une cosmologie complexe de la culture bantu souligne la nature très spécifique de ses objets, qui, sur le terrain du droit, mérite d'être prise en compte et mis en perspective. Au delà des perspectives de retours, le juriste doit en effet questionner l'état des règles juridiques existantes dans le corpus formé par les pratiques locales et le droit positif. Face à la richesse et la variété de ce patrimoine culturel qui bénéficie aujourd'hui d'un intérêt renouvelé, un état du droit sur cette problématique s'impose afin de comprendre le niveau d'émergence de ses règles, les raisons de leur plus ou moins grande efficacité dans les contextes coloniaux ou post-coloniaux, ou plus récemment de conflits qui ont fait peser sur cet héritage des menaces lourdes. Les évolutions actuelles poussent à s'interroger sur une meilleure protection du patrimoine camerounais en s'engageant sur le terrain prospectif , de manière à dégager des outils et des instruments de nature à valoriser ce patrimoine ainsi qu'à intégrer ces bonnes pratiques dans une dimension vivante du droit national et international respectueuse des communautés et des spécificités patrimoniales. Ce travail de recherche doit permettre une meilleure connaissance des règles aux soubassements de la protection patrimoniale en Afrique à travers leur identification dans les coutumes de manière à élever des principes directeurs d'une protection efficace et adaptée à notre monde contemporain.