Thèse en cours

Le temps du silence

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Auteur / Autrice : Bjorn Puhr
Direction : Jocelyn BenoistMichael Staudigl
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 06/11/2023
Etablissement(s) : Paris 1 en cotutelle avec Universität Wien. Fakultät für Philosophie und Bildungswissenschaft
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (Paris ; 2015-....)

Mots clés

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Résumé

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Notre recherche s’inscrit dans le contexte de la phénoménologie française contemporaine et les débats actuels sur son dépassement ouvrant notamment sur les nouveaux réalismes et porte sur le phénomène du silence que nous interrogeons plus spécifiquement dans son rapport au temps. Écartant toute conception scientifique ou totalisante du silence, notamment l’idée d’un silence absolu, nous nous intéressons essentiellement à l’expérience du silence, c’est-à-dire au silence en tant qu’il est vécu de façon intentionnelle. Un silence semble ainsi pouvoir se manifester dans l’absence temporelle d’un contenu réel qui pour autant est nécessaire pour le constituer. Il est donc intrinsèquement lié à une visée intentionnelle qui n’a cependant pas de contrepartie actuelle et renvoie par conséquent d’emblée à une temporalité dépassant l’immédiateté et engage au moins l’idée d’un présent perceptuel sinon une temporalité plus large en mobilisant avec la mémoire ou encore l’histoire une dimension plus épistémique. Il s’oppose donc à ce que l’on pourrait appeler un silence intemporel, un silence de la suspension et de l’immobilité qui se trouve aux antipodes de la temporalité. Cet autre silence ne relève pas nécessairement d’une absence, à moins que ce ne soit l’absence du temps même, et ne parvient point à se manifester de façon intentionnelle, mais se trouve plutôt aux limites même de l’expérience ce qui ne l’empêche pas de créer une tension entre l’intentionnel et le réel. En lui, nous sommes confrontés à une temporalité en germe qui peine encore à se détacher. Le silence tel que nous cherchons à le dégager ne serait donc pas perçu comme l’on perçoit quelque chose qui se manifeste devant nous. Il est un phénomène précaire sans contenu précis et, puisqu’il est entièrement dépendant d’une expérience subjective et ne contient aucune information objectivable, ne réside pas non plus dans le réel (il y a toujours quelque chose qui fait un bruit). S’il existent certains contextes propices à l’évoquer, ils résident dans les normes et conventions intersubjectives plus que dans quelque chose qui nous serait d’entrée de jeu extérieur. Ainsi, c’est en dialoguant avec la tradition phénoménologique telle que l’a fondée Edmund Husserl et en tenant compte de son évolution jusqu’à sa mise en cause en incluant des auteurs comme Emmanuel Levinas et Paul Ricœur, sans oublier les apports importants d’Henri Bergson, que nous cherchons à décrire le silence dans sa singulière dimension temporelle qui à la fois s’inscrit dans le vocabulaire de l’intentionalité et nous met face à la tension fondatrice de toute expérience réelle.