Des mondes du travail en révolution ? Une sociologie politique des (dés)ordres industriels en Tunisie post-2011
Auteur / Autrice : | Mohamed Slim Ben youssef |
Direction : | Eric Gobe, Amin Allal |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Doctorat en Science politique |
Date : | Soutenance en 2024 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | École Doctorale Sciences juridiques et politiques (Aix-en-Provence) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : IREMAM - Institut de Recherches et d'Etudes sur les Mondes Arabes et Musulmans |
Jury : | Président / Présidente : Choukri Hmed |
Examinateurs / Examinatrices : Eric Gobe, Assia Boutaleb, Benjamin Rubbers, Myriam Catusse, Amin Allal, Sophie BéROUD | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Assia Boutaleb, Benjamin Rubbers |
Mots clés
Résumé
Au lendemain du soulèvement populaire tunisien de 2010-2011, les protestations sociales se multiplient dans tout le pays. Dans les arènes du travail, la conflictualité en hausse se traduit par des mobilisations ouvrières et une importante syndicalisation dans les entreprises. Ceci sest accompagné par des stratégies patronales et managériales diverses cherchant à domestiquer les revendications salariales et/ou à réprimer leurs porteurs. A partir dun dispositif denquêtes qualitatives déployées sur plusieurs situations de travail, cette thèse cherche à comprendre les ressorts de la (dé)stabilisation de lordre industriel en temporalité révolutionnaire. En se focalisant sur la parole et les pratiques des protagonistes de ces luttes, elle entend saisir simultanément les économies morales de la domination au travail et les formes dagentivité des salarié.es et de leurs représentant.es syndicaux. Pour ce faire, lenquête sy déploie autour des cas suivants : une usine de biscuits (LAppétissante) et une usine de verre (Technoverre) situées à louest du Grand Tunis ; le premier centre dappels implanté en Tunisie (Teleperformance) ; et un grand groupe de lindustrie textile tunisienne, située dans la région du Sahel (Sporbic). Mon approche consiste à saisir, au sein même des moments de contestation, les traces de lordre industriel considéré comme légitime par les travailleur.ses. Dune part, Les évocations nostalgiques des anciens patrons à des moments de conflictualité apellent un paternalisme en crise dont ce manuscrit retrace la socio-histoire. En mobilisant cette notion, le présent travail articule lenjeu de la légitimité dun ordre industriel et inséparablement politique à celui de la subsistance matérielle des subalternes. Il explore non seulement la généalogie de ces ordres producteurs de consentement, mais sinterroge aussi sur leurs crises de reproduction. Dautre part, les mobilisations salariales ont lieu sur le fond dune temporalité révolutionnaire, produisant des effets transversaux sur les anticipations réciproques des acteurs des mondes du travail. Il en va ainsi pour les syndicalistes « de base », à linterface du champ syndical et des relations de travail, et pour les directions dentreprise et leurs strates managériales. Refusant à la fois le déterminisme économique et les lectures post-matérialistes dans lanalyse des mobilisations, cette recherche réaffirme la dimension politique des rapports de travail et de subsistance. Elle invite à réintroduire les économies politique et morale des ordres industriels afin den saisir les processus de (dé)légitimation, et à en appréhender les (re)productions à laune dun élargissement relatif des capacités autonomes des dominé.es en temporalité révolutionnaire.