Les régimes de reproduction naturels de la levure de boulangerie Saccharomyces cerevisiae et leur conséquences sur la diversité génétique de l'espèce.
Auteur / Autrice : | Nina Vittorelli |
Direction : | Gilles Fischer, Guillaume Achaz |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Génétique et génomique |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Complexité du vivant |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Biologie computationnelle et quantitative |
Equipe de recherche : Biologie des Génomes |
Mots clés
Résumé
Quelles sont les conséquences du régime de reproduction d'une population sur sa diversité génétique et sa capacité d'adaptation ? La levure Saccharomyces cerevisiae est un organisme intéressant pour étudier cette question centrale en biologie évolutive et en génétique. En effet, cet organisme peut se reproduire de façons asexuée et sexuée, et dans le second cas, la fécondation peut se produire via plusieurs voies : autofécondation haploïde ou diploïde, croisement avec une lignée plus ou moins distante. La description canonique du cycle de vie de S. cerevisiae comprend une alternance entre des phases végétatives diploïde et haploïde (cycle haplodiplontique), une large prévalence d'autofécondations lors des cycles sexués, et un homothallisme (capacité de faire de l'autofécondation haploïde) systématique ce qui devrait en théorie aboutir à un fort taux d'homozygotie parmi les diploïdes. Or, ce modèle, issu de l'étude de quelques souches de laboratoire, est remis en cause par les proportions non négligeables de souches polyploïdes et hétérozygotes recensées lors de récents échantillonnages à grandes échelles dans les populations naturelles. En combinant des approches expérimentales de biologie moléculaire, des analyses bioinformatiques, de la modélisation avec les outils de la génétique des population et des inférences statistiques, ce doctorat à pour objectifs de (i) comprendre la complexité des régimes de reproduction de S. cerevisiae, (ii) déterminer leurs conséquences sur la diversité génétique des différentes populations de l'espèce, (iii) identifier leurs déterminants génétiques et leurs contraintes écologiques et (iv) reconstruire l'histoire des stratégies évolutives dans l'espèce. Le projet comprend : (1) Un crible expérimental sur une collection de souches représentative de la diversité géographique et écologique de l'espèce (O'Donnell et al. 2023) pour plusieurs traits reproductifs. Une attention particulière sera accordées aux mécanismes susceptibles de générer ou de maintenir l'hétérozygotie et la polyploidie, par exemple l'endo-reduplication, ou l'hétérothallisme. Les déterminants génétiques de ces traits reproductifs seront identifiés analyses de descendances de croisements, puis confirmés par inactivation ou tests de complémentation sur des gènes candidats. (2) L'analyse bioinformatique de l'histoire évolutive des traits reproductifs de l'espèce. Pour les gènes identifiés en partie (1), le génotype de souches dont l'assemblage génomique est publié (actuellement environ 3000 souches) sera récupéré afin de (i) cataloguer les allèles présents dans la population, (ii), estimer la prévalence de chaque phénotype reproductif dans la population, (iii) inférer les transitions d'une stratégie reproductive à un autre et (iv) détecter d'éventuelle pressions de sélection associées. (3) La modélisation des signatures génomiques des régimes de reproduction de l'espèce avec les outils de la génétique des populations : les paramètres seront la fréquence relative des cycles sexués et asexués, des différents types de croisements (autofécondation haploïde, croisement entre produits de la même méiose, croisement entre différentes lignées) et des changements de ploidie, tandis que les prédictions du modèles seront des statistiques décrivant la diversité génétique et le déséquilibre de liaison. Les valeurs des paramètres de ces modèles seront ensuite inférés statistiquement en partant des données génomiques publiées (par exemple, The 1011 Genomes from Peter et al. 2018).