Thèse en cours

Prise de décision dans un environnement volatil et incertain, dynamique de l'inférence stratégique dans le cortex préfrontal.

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Auteur / Autrice : Charles Verstraete
Direction : Philippe DomenechCéline Amiez
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Inscription en doctorat le 03/10/2022
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut du cerveau et de la moelle épinière
Equipe de recherche : Neurophysiology of Repetitive Behaviors

Résumé

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Le cortex préfrontal médian humain (mPFC) est une région essentielle pour les fonctions exécutives et participe à l'adaptation comportementale lors de changements environnementaux. Cependant, les opérations qui y sont implémentées restent très débattues. Notre hypothèse de travail est que le mPFC est l'épine dorsale d'un réseau préfrontal qui effectue des inférences stratégiques afin de balancer entre performance et flexibilité. Nous cherchons à caractériser les opérations du mPFC liées à des inférences stratégiques sur la politique comportementale pour s'adapter à des environnements incertains et volatiles, et leur mise en œuvre en termes de processus neurobiologiques et d'architecture fonctionnelle. Lors de l'adaptation à des environnements changeants, les résultats de choix défavorables peuvent être utilisés, soit pour améliorer progressivement une stratégie comportementale en cours, soit pour déclencher l'exploration de nouvelles stratégies. Notre équipe a montré précédemment que le mPFC ventral humain infère la fiabilité de la stratégie en cours pour encoder de manière proactive les résultats à venir comme des signaux d'apprentissage ou des déclencheurs potentiels d'exploration globale. Nous avons aussi démontré dans une étude comportementale en ligne à grande échelle que, lorsqu'on fournit des instructions de base au sujet, la flexibilité est mieux prise en compte par un processus inférentiel sur un espace de stratégies prédéfini plutôt que par l'apprentissage progressif de ces stratégies par l'apprentissage associatif. Dans ce cadre théorique, nous nous attendons à ce que les projections corticales dopaminergiques et noradrénergiques interagissent étroitement dans le mPFC pour promouvoir un comportement adaptatif. La libération phasique de dopamine est classiquement considérée comme le principal canal du signal d'erreur de prédiction, un signal d'enseignement essentiel à l'apprentissage associatif, tandis que la libération phasique de noradrénaline peut déclencher une réinitialisation corticale et/ou contrôler la précision de l'inférence. Le premier objectif est de mettre en œuvre l'inférence stratégique avec une précision limitée. Nous avons précédemment démontré que les humains utilisent l'inférence stratégique pour guider leurs choix et s'adapter à des environnements volatiles. Cependant, notre modèle est parfois plus performant que les humains. Afin d'améliorer sa précision, nous l'étendrons en incorporant une précision limitée en bruitant la mise à jour de la fiabilité des stratégies. Le deuxième objectif est d'étudier l'implémentation de l'inférence stratégique dans le mPFC. Dans cette région du cerveau, la dopamine est connue pour son implication dans l'apprentissage et la noradrénaline joue généralement un rôle dans la réinitialisation stratégique et peut-être dans le contrôle de la précision de l'inférence. Les deux systèmes monoaminergiques peuvent interagir pour moduler la flexibilité et la prise de décision adaptative. Pour explorer ces processus, nous enregistrerons avec de l'EEG intracrânien pour l'analyse du potentiel de champ local et la voltammétrie chez des patients épileptiques pharmaco-résistants, auxquels seront implantés des macro-électrodes dans le mPFC, le PFC latéral et l'Insula antérieure. Enfin, nous étudierons dans quelle mesure ces mécanismes sont conservés d'une espèce de primate à l'autre. Nous administrons une tâche homologue à Macaca mulatta tout en enregistrant l'EEG intracrânien dans le PFC. En comparant le modèle algorithmique qui rend le mieux compte du comportement de choix de chaque espèce (humain et macaque), nous caractérisons les différences et les similitudes cognitives entre ces deux espèces.