Etude des mécanismes qui provoquent la fibrose pulmonaire post irradiation par une approche scRNAseq
Auteur / Autrice : | Juliette Soulier |
Direction : | Arturo Londono-vallejo, Charles Fouillade |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie cellulaire et développement |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 22/10/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Complexité du vivant |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Signalisation, Radiobiologie et Cancer |
Jury : | Président / Présidente : Stéphane Le crom |
Examinateurs / Examinatrices : Arturo LONDOñO-VALLEJO, François Paris, Charles Fouillade, Rob Coppes, Laura Cantini | |
Rapporteur / Rapporteuse : François Paris, Rob Coppes |
Mots clés
Résumé
La radiothérapie est l'une des principales options thérapeutiques pour le traitement du cancer thoracique, y compris le cancer du poumon, première cause de mortalité par cancer dans le monde. Cependant, cinq à vingt pour cent des patients qui subissent une radiothérapie souffriront de toxicités pulmonaires liées aux radiations, allant de la pneumopathie à l'irreversible fibrose pulmonaire radio-induite (FPRI). La FPRI se caractérise par une destruction progressive et irréversible de la structure des alvéoles, ainsi que par un dépôt de collagène. Ce développement de tissu cicatriciel altère la fonction normale du poumon : les échanges gazeux entre l'air et le sang, et l'évacuation des déchets gazeux, conduisant à une insuffisance respiratoire et finalement à la mort. Certains des principaux événements moléculaires et cellulaires survenant au cours du développement de cette pathologie ont été décrits, mais les mécanismes détaillés et leur temporalité restent largement inconnus. Par conséquent, l'objectif de mon projet est de mieux comprendre les événements cellulaires et moléculaires précis induits par les radiations, du stade initial de la pneumopathie au stade terminal de la fibrose pulmonaire. L'utilisation du séquençage d'ARN de cellules uniques (scRNA seq) nous a permis de décrire avec des détails inédits les processus induits par l'irradiation au sein des tissus non tumoraux et l'interaction entre les différentes populations cellulaires, ainsi que la dynamique de ces processus. Dans un premier temps, nous avons utilisé un modèle murin pour comparer l'effet d'une dose d'irradiation fibrogène ou non fibrogène et analyser la séquence temporelle du développement des événements après l'irradiation. Nous avons observé l'initiation de divers processus d'inflammation et de réparation de différentes populations (cellules endothéliales, épithéliales et myéloïdes) de manière similaire après une dose d'irradiation fibrogène ou non fibrogène : régénération des pneumocytes par dédifférenciation des pneumocytes de type II ou transdifférenciation, signalisation pro-angiogénique induisant des processus de réparation de la microvasculature, différenciation des monocytes en macrophages interstitiels. Cependant, trois mois après l'irradiation, les souris irradiées avec une dose non fibrogène guérissent, tandis que les souris irradiées avec une dose fibrogène entrent dans une inflammation chronique, présentent un changement dans le phénotype des fibroblastes qui se différencient en myofibroblastes et produisent une matrice extracellulaire, induisent une transition épithéliale vers mésenchymateuse des pneumocytes. De plus, ce projet présente la première analyse scRNA seq d'échantillons de tissus pulmonaires non tumoraux de patients ayant subi une radiothérapie pour un cancer du poumon. Les résultats ont mis en évidence l'activation importante de la signalisation pro-angiogénique par l'irradiation dans les tissus pulmonaires non tumoraux et nous ont permis de décrire certains des processus de réparation de la microvasculature, à travers différents états cellulaires endothéliaux tels que les cellules « tip » et « stalk », avec une communication intercellulaire importante avec un sous-type spécifique de macrophages alvéolaires recrutés depuis la circulation. Ce travail a permis de mieux comprendre les mécanismes conduisant à la FPRI, avec un aperçu unique de la réponse pulmonaire du patient à la radiothérapie. De plus, la disponibilité des données temporelles de souris et des données humaines pourrait faciliter d'autres études. Dans l'ensemble, mon projet a participé à l'effort visant à accroître les connaissances sur la physiopathologie de la fibrose pulmonaire radio-induite afin de trouver des options thérapeutiques pour prévenir, arrêter le développement ou traiter l'évolution de cet effet secondaire mortel de la radiothérapie.