Caractérisation des processus clés contrôlant l'intensité et l'efficacité de la pompe biologique à carbone dans l'océan global.
Auteur / Autrice : | Elsa Simon |
Direction : | Laurent Coppola |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Cycles biogéochimiques et changements environnementaux globaux |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2022 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences de l'environnement d'Île-de-France |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'Océanographie de Villefranche sur Mer |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Contexte scientifique : L'activité photosynthétique du phytoplancton dans la zone euphotique de l'océan absorbe entre 50 et 60 Gt de carbone (C) atmosphérique par an, dont environ 10% est exporté, essentiellement par sédimentation des particules néoformées, vers la zone mésopélagique et éventuellement piégé pour des dizaines voire des milliers d'années (Henson et al., 2022). L'ensemble des processus qui gouvernent ce piégeage de C est connu sous le nom de pompe biologique à carbone (PBC). Sans l'action de la PBC, la concentration en C atmosphérique serait 50% plus élevée qu'actuellement (Parekh et al., 2006). Elle joue donc un rôle majeur sur le climat de notre planète. La matière organique exportée alimente aussi les écosystèmes mésopélagiques, par ailleurs exploités par l'industrie de la pêche. Une récente étude a montré que, malgré l'importance de la PBC, les modèles biogéochimiques sont incapables de prédire correctement son évolution future, dans un contexte de changement climatique (Henson et al., 2022). En effet, les différentes projections climatiques montrent des résultats contradictoires, avec des modifications de l'export de C allant de -41% à +1,8% d'ici 2100. Les principales limites pour améliorer notre compréhension du fonctionnement de la PBC sont la grande complexité et diversité des processus mis en jeu, souvent interconnectés, et l'absence de systèmes d'observation adaptés pour capturer leur variabilité spatio-temporelle. Deux processus ont récemment été identifiés comme étant des processus clés à prendre en compte dans les modèles pour améliorer les estimations actuelles et futures de la PBC : les migrations verticales du zooplancton et la fragmentation des particules qui sédimentent (Henson et al., 2022). Les migrations du zooplancton permettent un transport actif de la matière organique depuis la surface, où le zooplancton s'alimente, vers la zone mésopélagique où il respire, produit des pelotes fécales et éventuellement meurt, libérant du C dans le milieu (Steinberg and Landry, 2017). Ce mécanisme s'oppose au transport passif des particules qui sédimentent, communément appelé pompe gravitationnelle (Boyd et al., 2019). La fragmentation, notamment liée à l'activité du zooplancton, modifie le spectre de taille des particules et favorise la reminéralisation bactérienne (Steinberg et al., 2008). Ce processus serait responsable de ~50% de l'atténuation du flux de C dans la zone mésopélagique aux hautes latitudes (Briggs et al., 2020). Objectifs de la thèse : L'objectif principal de la thèse est de mieux caractériser les processus clés qui contrôlent l'intensité et l'efficacité de la PBC à l'échelle globale. La saisonnalité des processus sera étudiée dans différentes régions stratégiques, représentatives de la variabilité globale des conditions environnementales. Les migrations verticales du zooplancton ainsi que la fragmentation seront particulièrement ciblées. Les questions principales sont : Quelle est la dynamique temporelle des migrations ? A quelle profondeur migre le zooplancton ? Quels sont les facteurs biotiques ou abiotiques qui contrôlent ces migrations ? Quelle est la biomasse des organismes migrateurs ? Comment varient les taux de fragmentation selon la profondeur, la saison, la région et le type de particule ? Quels sont les facteurs qui contrôlent ces taux de fragmentation ? Les résultats attendus de cette thèse fourniront une base solide pour développer des paramétrisations simples des différents processus qui pourront être incorporer dans les modèles biogéochimiques afin de mieux prédire l'évolution future de la PBC. Méthodologie : Cette thèse s'inscrit dans le contexte du projet européen REFINE (ERC) qui vise à déployer 22 flotteurs biogéochimiques (BGC-Argo) nouvelle génération dans 8 zones clés représentative de la diversité des régimes productifs et des caractéristiques biogéochimiques de l'océan global. Sur des durées allant trois à cinq ans, ces flotteurs réalisent des profils verticaux tous les dix jours de la surface à 1000 m et dérivent entre temps à une profondeur fixe tout en mesurant un ensemble de variables physiques et biogéochimiques. Ils seront notamment équipés d'un imageur (UVP6) qui permet de quantifier et d'identifier les principaux groupes zooplanctoniques (>600 µm) et d'estimer le spectre de taille des particules >100 µm. Ils seront aussi équipés d'une trappe optique à particule (transmissiomètre) qui permet d'estimer les flux de C dans la zone mésopélagique. Les mesures réalisées pendant la dérive à 200 m seront exploitées pour étudier la dynamique temporelle des migrations verticales alors que les profils verticaux seront utilisés pour quantifier la biomasse des migrateurs (migration diurne). La méthode développée par Briggs et al. (2020) sera adaptée pour quantifier les taux de fragmentation à partir des spectres de taille mesurés par l'UVP6. Une approche par modélisation 1D est aussi envisagée (collaboration avec Marti Gali et Joan LLort, Barcelona Supercomputing Center (BSC), Espagne). L'acquisition de données sur un cycle annuel complet et dans une grande diversité de zones permettra de caractériser la variabilité spatio-temporelle de ces processus clés jusqu'alors totalement méconnue.