Déconnexion de l'environnement extérieur lors de la phase d'endormissement, sur le plan cérébral et comportemental
Auteur / Autrice : | Jade Senechal |
Direction : | Delphine Oudiette |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut du cerveau et de la moelle épinière |
Equipe de recherche : Normal and Abnormal Motor Control: Movement Disorders and Experimental Therapeutics |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La phase d'endormissement est problématique chez une partie de la population qui souffre d'insomnie ou de somnolence diurne excessive. Pourtant, le passage de l'éveil au sommeil est peu étudié par les scientifiques. La période d'endormissement s'accompagne de nombreuses modifications physiologiques (ralentissement de l'activité cérébrale, relâchement musculaire, mouvements oculaires lents), mais aussi comportementales (perte de réponse aux stimuli extérieurs) et phénoménologiques (rêves) 1,2. La classification internationale des états de vigilance ne permet pas de capturer finement la dynamique de ces modifications. En effet, elle se base uniquement sur des critères physiologiques (EEG, EMG, EOG) mesurés sur quelques électrodes et des époques arbitraires de 30s pour définir des stades (éveil, N1, N2, N3, sommeil paradoxal). L'endormissement est alors résumé au stade N1. Cependant, des rêves peuvent survenir à l'éveil (avant le N1) et des réponses comportementales sont encore possibles en N1, voire en N2 1,2,3, ce qui remet en question notre définition actuelle de la phase d'endormissement. Mon projet vise à mieux caractériser la phase d'endormissement chez l'Homme en se basant sur la dimension comportementale du sommeil. Mes objectifs sont de : 1) tester la prévalence des fenêtres de réactivité comportementale pendant les stades traditionnels de sommeil et les marqueurs cérébraux associés à la présence/absence de réponse et 2) déterminer si la (dé)connexion au monde extérieur influence la génération de perceptions internes (les rêves)ou si ces processus sont indépendants. Dans la première étude, 40 sujets sains réaliseront, durant une nuit complète de sommeil, une tâche de décision lexicale auditive similaire à une étude précédente réalisée par mon équipe d'accueil 3: les participants devront froncer les sourcils ou sourire en réponse à des mots ou à des pseudo-mots (réponses comportementales mesurées via EMG). Nous testerons : i) comment le taux de réponses varie en fonction du stade de sommeil et de la distance à l'éveil, ii) si des marqueurs EEG de richesse cognitive 4 (puissance spectrale, connectivité et complexité du signal), mesurés avant le stimulus, prédisent la survenue d'une réponse. Notre hypothèse est que la cessation des réponses comportementales ne se fait pas nécessairement en N1 mais plutôt lorsqu'il y a une diminution des marqueurs EEG de richesse cognitive, à un moment/stade variable d'un individu à l'autre.. Dans mon second projet, nous utiliserons un paradigme cocktail party' 5, au cours duquel 40 participants entendront deux flux de parole, l'un informatif et l'autre dépourvu de sens. Leur tâche sera de prêter attention au discours informatif et froncer les sourcils à l'apparition d'un mot cible. Ils seront réveillés toutes les 15 minutes et nous leur demanderons de rapporter leur contenu mental juste avant l'alarme. Notre hypothèse est que l'apparition de percepts internes (rêves) engendrera une perte d'attention aux percepts externes et un taux de réponses réduit. Ce projet devrait permettre de mieux comprendre la dynamique des fluctuations cérébrales, comportementales et phénoménologiques pendant la période d'endormissement. Ce travail pourrait avoir un impact clinique important en permettant une évaluation plus fine de l'endormissement et de ses troubles.